Qui est Komlan Mally ?

Le président Faure Gnassingbé a nommé le discret ministre de l’Urbanisme à la tête d’un gouvernement qui ne compte aucun représentant de l’opposition.

Publié le 10 décembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Personne ne l’attendait à ce poste. Pour une grande partie des Togolais, il n’était jusqu’ici qu’un très discret ministre de l’Urbanisme et de la Ville. C’est pourtant Komlan Mally qui a été nommé Premier ministre du Togo par Faure Gnassingbé, le 3 décembre. « Je ne le connais pas. Je ne l’ai jamais rencontré », assure Jean-Pierre Fabre, secrétaire général de l’Union des forces du changement (UFC), le principal parti de l’opposition. Comment cet Akposso de 47 ans, né à Adiva dans la région des Plateaux (Sud-Ouest) a-t-il pu atterrir à la primature de Lomé II ? Peu importe : il travaille déjà à la formation d’un gouvernement qui conduira, sans doute, le pays à l’élection présidentielle de 2010.

Comme son oncle
Ancien préfet passé par l’École nationale d’administration de Lomé, Komlan Mally est appelé au gouvernement d’ouverture de Yawovi Agboyibo en septembre 2006. C’est l’aboutissement « logique » d’une carrière passée dans la haute administration. C’est aussi, peut-être, la trajectoire programmée de l’héritier putatif de son oncle, Théophile Mally. Cet ancien ministre de l’Intérieur de Sylvanus Olympio avait dû s’exiler au Nigeria en 1963, après avoir tenté de renverser le président Nicolas Grunitzky. À son retour d’exil, il devient conseiller de Gnassingbé Eyadéma, qui, lui, a réussi son coup d’État. La génération des quadragénaires étant arrivée aujourd’hui au pouvoir au Togo, il n’y a pas de raison de ne pas perpétuer cette relation familiale empreinte de fidélité.
Après les législatives du 14 octobre à l’issue desquelles Komlan Mally est élu député sous les couleurs du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir), il aura fallu plus d’un mois à Faure Gnassingbé pour nommer un chef du gouvernement. Les négociations pour l’attribution de six maroquins à des personnalités des deux partis de l’opposition, – dont celui dit « de souveraineté » des Affaires étrangères, celui de la Communication, et même le ministère chargé de la Réforme des institutions cher à l’UFC – n’ont pu aboutir. Pas plus, du reste, que la proposition du chef de l’État de confier à l’opposition le poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale. Faure Gnassingbé et le leader de l’UFC, Gilchrist Olympio, se sont pourtant rencontrés à Lomé à trois reprises. Pascal Bodjona, le sherpa du premier, a pris le relais et rencontré le second à Paris. Pour rien. Lors du vote qui a porté le RPT Abass Bonfoh au perchoir de l’Assemblée nationale le 24 novembre, l’UFC lui a opposé un candidat, déclinant ainsi la main tendue par le pouvoir. « Ils trouvaient inconcevable de voter pour un candidat du RPT comme convenu lors des négociations », explique un des négociateurs. Pour Jean-Pierre Fabre, « c’est la modification des lois et des institutions mises en place pour maintenir le RPT au pouvoir qui nous intéresse. Nous ne demandons pas des postes. Nous voulons des élections transparentes. »

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« Assumer » la victoire
Il n’y aura donc pas de ministre issu du principal parti d’opposition dans le gouvernement de Komlan Mally, comme le souhaitaient les tenants de la « réconciliation » à la togolaise. Le Comité d’action pour le renouveau (CAR) n’y sera pas non plus, Agboyibo ayant décidé de s’aligner sur les positions d’Olympio en précisant : le RPT doit « assumer » sa victoire aux législatives. En cas d’échec de Komlan Mally à relancer l’économie et à améliorer le quotidien de la population, l’opposition n’aurait pas pu lui en faire le reproche lors de la présidentielle prévue dans deux ans si elle avait gouverné avec lui

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