Algérie : Kamel Chikhi, l’Escobar de Kouba

Souvent comparé au baron de la drogue colombien, Kamel Chikhi n’a tué personne. Mais, impliqué dans un trafic de cocaïne, l’homme d’affaires algérien est en passe de ruiner la vie de nombreuses figures publiques.

Kamel Chikhi © Saad pour JA

Kamel Chikhi © Saad pour JA

FARID-ALILAT_2024

Publié le 16 août 2018 Lecture : 9 minutes.

Un complot. Un coup monté. Kamel Chikhi, alias El Bouchi, importateur de viande et promoteur immobilier bien introduit à Alger, le répète comme un mantra devant les gendarmes et le juge d’instruction. Lorsqu’il apprend la nouvelle, ce mardi 29 mai à 13 h 30, en regardant la chaîne Ennahar TV, « El Bouchi » comprend tout de suite qu’il est cuit.

Dans son bureau à Kouba, sur les hauteurs de la capitale, il sanglote devant son associé Nadjib Messaoud et son avocat Saïd Younsi : « Khouya [“mon frère”], ils m’ont eu en introduisant de la drogue dans ma marchandise. » Et pas n’importe laquelle.

Scénario hollywoodien

À 400 km de là, un bateau en provenance de Valence, en Espagne, est arraisonné au port d’Oran. À l’intérieur, agents de la marine nationale, gardes-côtes, douaniers et gendarmes mettent la main sur 701 kg de cocaïne dissimulés dans un des 20 conteneurs frigorifiques. La poudre est emballée dans des boîtes rouges avec l’inscription « viande halal ».

Cette saisie record ne doit rien au hasard. Chargés au Brésil pour le compte d’une société appartenant à Kamel Chikhi, les conteneurs sont discrètement pistés par la Drug Enforcement Administration (DEA), l’organisme américain chargé de la lutte contre le trafic de drogue, depuis le port de Santos, à partir du 10 mai, jusqu’en Espagne. Là, les conteneurs sont transbordés sur un autre bateau, direction Oran.

Il fallait laisser la cocaïne arriver à sa destination, à Oran, afin de pouvoir tracer le circuit complexe qui mène du cartel vendeur au possible cartel receleur, en Algérie ou à l’étranger

Informées de cette cargaison douteuse, les autorités espagnoles alertent par voie diplomatique le ministère algérien de la Défense. « Il fallait laisser la cocaïne arriver à sa destination, à Oran, afin de pouvoir tracer le circuit complexe qui mène du cartel vendeur au possible cartel receleur, en Algérie ou à l’étranger », explique une source judiciaire.

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