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Côte d’Ivoire : c’est déjà demain
Jeune Afrique : Quel est le bilan du gouvernement en matière d’emploi pour les jeunes ?
Sidi Tiémoko Touré : Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, Alassane Ouattara a promis de créer 1 million d’emplois pour les jeunes. Au bout de quatre ans, il en a créé plus de 2,2 millions. C’est donc un succès important, même si ce n’est pas suffisant. Le président lui-même l’a reconnu, en promettant de faire davantage. C’est pourquoi il a décidé de mettre en place un dispositif plus cohérent et plus efficace en dissolvant tous les organes existants pour les fondre en une seule et unique entité, l’Agence emploi jeunes, créée en juin. Cette dernière est sous la tutelle du nouveau ministère que je dirige.
Il faut aussi améliorer l’employabilité des jeunes diplômés dont les profils sont en décalage par rapport aux besoins du marché
Qu’apporte de plus cette nouvelle agence ?
Il s’agit d’un guichet unique qui permet enfin aux jeunes en recherche d’emploi et aux entreprises qui souhaitent recruter de se parler et de se rencontrer sans avoir à débourser un sou. Cette agence a déjà lancé deux grandes opérations : « Agir pour l’emploi des jeunes », qui financera près de 11 000 projets de jeunes sélectionnés sur l’ensemble du territoire pour un montant total de 4 milliards de F CFA [6,1 millions d’euros] ; et « Une formation, mon passeport pour l’emploi », qui permettra de former près de 12 000 personnes, notamment à l’entrepreneuriat. Il faut aussi améliorer l’employabilité des jeunes diplômés dont les profils sont en décalage par rapport aux besoins du marché. Au total, en six mois, plus de 30 000 jeunes ont déjà bénéficié des prestations de cette agence. C’est à la fois beaucoup et très peu compte tenu des attentes, mais nous faisons le maximum.
Votre ministère semble mettre l’accent sur l’entrepreneuriat. Pourquoi ?
Parce que nous pensons que dans la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui l’emploi salarié n’est pas la solution. C’est un discours peut-être dur à entendre mais qui décrit une réalité. Vous avez d’un côté l’État, qui fait des économies en décidant de réduire sa masse salariale, et de l’autre des entreprises, que nous incitons à recruter – grâce à des réductions fiscales notamment – mais dont les offres sont limitées. L’avenir est donc du côté de l’auto-emploi, qui offre une multitude de possibilités. Nous encouragerons et financerons les jeunes qui veulent se lancer et prendre leur destin en main en créant ces entreprises, ces industries et ces services dont notre pays a tant besoin.