Aérien : qui est aux commandes sur le continent ?

Ils définissent et pilotent la stratégie africaine de leurs compagnies. Galerie de portraits.

Jean-Luc-Grillet, vice-président senior Afrique d’Emirates Airlines. © Éric Piermont/AFP

Jean-Luc-Grillet, vice-président senior Afrique d’Emirates Airlines. © Éric Piermont/AFP

Publié le 24 octobre 2012 Lecture : 5 minutes.

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Les flottes africaines décollent

Sommaire

Jean-Luc Grillet : autodidacte de l’aérien

Vice-président senior Afrique d’Emirates Airlines

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« Tant que les échanges africains se faisaient principalement avec l’Europe, Dubaï constituait un hub excentré. Maintenant que l’Asie, et notamment la Chine, a pris le relais, Emirates est idéalement positionné », se réjouissait l’an dernier Jean-Luc Grillet. Bénéficiant de cette évolution, la compagnie ne cesse d’ouvrir de nouvelles lignes. En 2012, Harare et Lusaka sont venus s’ajouter à son catalogue de destinations et, en 2013, Alger deviendra la 22e ville africaine desservie par les avions dubaïotes. Sur le dernier exercice de la compagnie (clos au 31 mars), le continent représentait un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros, en hausse de près de 10 %.

L’homme qui planifie méthodiquement l’expansion du réseau africain d’Emirates depuis un an et demi, évaluant la taille des marchés, jaugeant la maturité des lignes et négociant avec les autorités et les compagnies intérieures est un fringant sexagénaire français, autodidacte, que rien ne prédestinait à jeter son dévolu sur les long-courriers intercontinentaux. Grenoblois d’origine, Jean-Luc Grillet a commencé sa carrière comme ouvrier chimiste dans le nord de la France. Jusqu’à ce jour de 1974 où, après avoir répondu à une annonce parue dans la presse, il boucle sa valise et part travailler pour la compagnie UTA en Afrique du Sud – avec quelques passages par la RD Congo, le Nigeria et le Tchad – comme agent d’opération responsable des plans de vol et de chargement des avions. Il ne quittera plus l’industrie aéronautique et restera marqué par le continent, aujourd’hui redevenu son terrain de jeu.

Après deux ans chez UTA, il revient en France pour Swissair, où il occupe différents postes pendant quatorze ans avant de rejoindre Tower Air comme directeur commercial et marketing de 1990 à 1992. Cette année-là, un deuxième grand tournant professionnel l’attend. Jean-Luc Grillet envoie sa candidature à Dubaï, au siège d’Emirates, qui s’est lancé sept ans plus tôt. Deux jours plus tard, son contrat est signé et il devient le premier directeur Cargo pour la France et la péninsule ibérique de la compagnie émiratie. Pendant trois ans, Jean-Luc Grillet recrute pour monter le bureau français. Puis il passe deux années à Dubaï pour une filiale du groupe, Dubai National Air Travel Agency (DNATA), avant de prendre en 1997 la direction générale France et Benelux.

Ce grand amateur de sport, ravi de sponsoriser équipes de football ou de rugby siglées « Fly Emirates », se forge une réputation d’homme ferme lorsqu’il doit récuser les accusations de dumping portées par Air France à l’encontre de sa compagnie. Parmi les temps forts de son mandat dans l’Hexagone, la première liaison directe Dubaï-Paris d’un Airbus A380 d’Emirates, qu’il a supervisée, avant d’accéder au poste (basé à Londres) de vice-président senior chargé des affaires commerciales pour l’Afrique en avril 2011… et d’encadrer quelques mois plus tard la première liaison Dubaï-Johannesburg du même A380.

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Herman Carpentier, vice-président de Brussels Airlines chargé de l'Afrique. © Gilles Rolle/REAHerman Carpentier : un diplomate à la manoeuvre

Vice-président de Brussels Airlines chargé de l’Afrique

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Chez Brussels Airlines, être le responsable Afrique n’est pas rien – l’entreprise affiche 62 vols hebdomadaires en direction de ses 21 destinations sur le continent et, surtout, elle est l’héritière de la mythique Sabena, première compagnie occidentale à avoir posé un appareil sur le sol africain. Malgré les difficultés actuelles et les rumeurs de licenciements en Belgique, Herman Carpentier, qui occupe cette fonction depuis 2008, pouvait encore déclarer il y a quelques mois : « L’Afrique est au coeur de notre stratégie. » De fait, il a non seulement supervisé l’ouverture des lignes d’Accra, Cotonou, Lomé et Ouagadougou en 2010, d’Agadir et de Marrakech en 2011, mais encore, tout récemment, c’est lui qui a impulsé le partenariat avec la nouvelle compagnie congolaise Korongo Airlines pour la desserte de Lubumbashi. Un oeil sur l’Afrique, un autre sur le monde, il a également calculé tout l’intérêt pour les voyageurs africains de la dernière ligne ouverte en juin par Brussels Airlines : Bruxelles-New York – selon lui, 20 % du trafic passagers sur le réseau africain arriverait d’Amérique du Nord.

Il faut dire que Herman Carpentier connaît l’international. Cet homme de 55 ans, originaire d’Anvers, n’a en réalité que peu travaillé en Belgique. Après un début de carrière au sein des missions économiques belges de Chicago puis de Manchester, il rejoint Sabena en 1990. Sa zone de couverture comprend la Tunisie, le Rwanda, le Nigeria, le Zimbabwe et le Niger. Suivront des postes en Suisse et en France, jusqu’à la faillite de Sabena, en 2001. Sur les cendres de la compagnie historique belge naît alors un nouvel acteur, Brussels Airlines. Et pour repartir de zéro, la nouvelle structure peut choisir dans les anciens effectifs ceux qu’elle souhaite voir faire partie de l’aventure. Herman Carpentier en sera. Propulsé directeur général France, puis Europe du Sud-Ouest, il est depuis quatre ans revenu aux affaires africaines.

Jimmy-Eichelgruen, directeur des ventes de Delta Airlines pour l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Inde. DRJimmy Eichelgruen : retour aux sources

Directeur des ventes de Delta Airlines pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Inde

Delta Airlines a beau avoir fermé en août sa liaison Atlanta-Accra-Monrovia, elle propose toujours ces deux dernières destinations via une ligne New York-Accra-Monrovia, ainsi que des vols vers trois autres villes africaines (Dakar, Lagos, Johannesburg). De fait, le continent est devenu un marché porteur pour Delta Airlines, depuis six ans qu’elle a rétabli la connexion directe entre l’Afrique et l’Amérique – qui n’existait plus depuis la fermeture des lignes africaines de Pan Am en 1986. Pour cela, elle a pu profiter de l’expérience de Jimmy Eichelgruen, Sud-Africain d’origine entré chez Pan Am en 1973 et qui a travaillé six ans comme directeur du marketing et des ventes Afrique de la seule compagnie américaine alors présente sur le continent. Lorsque Pan Am se replie, Eichelgruen prend la direction de l’Europe, où il occupe différents postes à responsabilités en Suisse puis au Royaume-Uni. Pour accompagner le retour, le 4 décembre 2006, d’une compagnie américaine sur le continent, il était tout désigné.

Claus Becker, directeur général de Lufthansa pour l'Afrique occidentale et l'Afrique centrale. © Éric Piermont/AFPClaus Becker : pur produit de Lufthansa

Directeur général de Lufthansa pour l’Afrique occidentale et l’Afrique centrale

Voilà près de un an que Claus Becker a pris ses quartiers à Lagos et supervise l’extension de Lufthansa en Afrique. À 50 ans, ce diplômé en sciences économiques de la Ludwig-Maximilians-Universität de Munich connaît très bien la maison. Il y est entré comme stagiaire en 1982 et y a effectué toute sa carrière.

Spécialiste du marketing, il a notamment été chargé de programmes de fidélisation de la clientèle, de la gestion de la plate-forme informatique de distribution ou de la création de l’agence de voyages, en ligne Opodo. De 1993 à 1997, il prend en charge, depuis Madrid, la politique tarifaire et le contrôle de gestion d’Amadeus, société de distribution et de vente de voyages fondée par Lufthansa et trois autres compagnies aériennes, avant de revenir dans le giron du transporteur allemand comme directeur de la stratégie du groupe. De 2008 à 2011, il occupe la fonction de directeur général France et Benelux, avant d’être promu sur l’Afrique occidentale et l’Afrique centrale, où il juge « important d’avoir un réseau extensif ». Le grand concurrent français est prévenu.

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