En RDC, 500 détenus libérés mais Makala ne respire pas mieux

Si plus d’un demi-millier de prisonniers de l’établissement pénitencier congolais ont bénéficié d’une libération conditionnelle, le problème de la surpopulation carcérale est loin d’être résolu.

En août dernier, des ONG avaient dénoncé les conditions de détention à la prison de Makala, à Kinshasa. © Damien Glez

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Publié le 14 février 2023 Lecture : 2 minutes.

Les statistiques sont implacables : en RDC, les pensionnaires de la centrale de Makala représentent 735 % de l’effectif prévu à la construction de l’établissement, à l’époque de la colonisation belge. Ce sont plus de 11 000 détenus qui occupent cet espace, la plus grande prison de Kinshasa destiné, en principe, à 1 500 prisonniers. Le corolaire de la surpopulation carcérale étant la violation de certains droits humains, notamment d’ordre sanitaire, la ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux a décidé de prendre le taureau par les cornes, en cette année électorale.

Désengorgement

C’est lors d’une cérémonie organisée le 11 février que Rose Mutombo Kiese a annoncé la libération conditionnelle de 501 détenus. Pour anticiper toute critique d’un présumé abus de pouvoir qui risquerait de déverser des centaines de dangereux délinquants dans les rues de la capitale, la ministre a tenu à préciser d’une part, que cette possibilité lui était offerte par une loi, les 501 condamnés en question ayant déjà purgé plus d’un quart de leurs peines. D’autre part, que ces libérations pourraient être confirmées par des grâces présidentielles prochaines.

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Les 501 libérés ne représentant que 5 % de l’excédent actuel du centre pénitentiaire de Kinshasa, la ministre a tenu à préciser que le processus de désengorgement concerne toutes les prisons de la République : « Il y a des listes dans les provinces, et cette mesure sera exécutée ». En août dernier, des organisations de défense des droits humains dénonçaient cette surpopulation carcérale qui conduit des détenus malades et mal nourris à dormir « sur le sol et dans les douches », voire « debout ».

« Cupidité des magistrats »

L’autre statistique implacable concerne le nombre d’incarcérés en détention provisoire, soit 7 473 prévenus pour 3 566 condamnés à Makala. Un détenu non condamné ne pouvant être gracié, ni bénéficier d’une libération conditionnelle, Rose Mutombo Kiese a tenu à attirer l’attention « des cours et des tribunaux mais aussi des parquets pour que chaque organe à son niveau travaille normalement pour qu’on évite autant de détenus préventifs » dans les prisons.

Plus incisives, les ONG spécialisées expliquent l’engorgement des canaux judiciaires par « la cupidité des magistrats » qui voudraient empocher « des amendes transactionnelles exorbitantes », une attitude qui compromet le respect des délais prévus par la loi, ainsi que le caractère équitable de la justice. Un embouteillage judiciaire (bien) orchestré qui alimente la surpopulation carcérale…

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