Ports : Monrovia, Cotonou et Tanger Med, rois du numérique

Gestion des flux, prise de rendez-vous, formalités administratives… Du Maroc au Bénin en passant par le Sénégal, les opérateurs portuaires et logistiques, dont APM Terminals, investissent pour digitaliser leurs activités.

Port de Tanger Med, au nord du Maroc. © Tanger Med

Publié le 15 mars 2022 Lecture : 2 minutes.

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Logistique en Afrique : une nouvelle donne

Malgré la désorganisation provoquée par la pandémie de Covid-19, opérateurs portuaires et logisticiens ont continué à investir dans de nouveaux outils.

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« La pire situation pour un opérateur, c’est un camion qui arrive inopinément. C’est pour cela que des systèmes de rendez-vous se mettent en place », résume Lyes Chebrek, consultant auprès d’opérateurs portuaires et de terminaux sur le continent. Exemple avec l’île de Bushrod, au large de Monrovia, la capitale du Liberia, le concessionnaire du port local, APM Terminals, teste, depuis novembre, un nouveau système de ce type. Celui-ci permet aux importateurs d’être prévenus de l’arrivée d’un container et de fixer une date de prélèvement pour évacuer plus vite. « Les exportateurs qui sont situés dans l’hinterland ne sont plus obligés de se déplacer sans savoir s’ils pourront récupérer leur livraison », ajoute Lyes Chebrek.

« Le résultat le plus visible de la digitalisation de nos actifs et de l’automatisation des processus est l’amélioration de la fluidité », souligne Jack Craig, directeur de la technologie chez APMT. Et, avec elle, des progrès sur le principal outil de performance des ports, le temps de transit. Résultat, la prise de rendez-vous digitale se répand : outre Monrovia, Dakar, Cotonou, ou encore Apapa l’ont adoptée. « Cela nous permet de combattre la congestion et ce qui vient avec elle en Afrique, l’extorsion », ajoute Klaus Larsen, directeur du port d’Apapa pour APMT.

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Portiques et rendez-vous

Moyen d’éviter les doublons et la paperasse, le numérique permet aussi l’automatisation de certaines infrastructures – comme les portiques de quais, entièrement digitaux à Tanger Med, en pointe sur le sujet. Mais, si les opérateurs rivalisent d’innovations, le numérique demeure un outil plutôt qu’une solution globale. « Il faut autant parler de l’infrastructure et la gouvernance que du digital. Si l’on ne tient pas compte des trois facteurs, on risque de construire des éléphants blancs », met en garde Amaury de Féligonde, associé directeur du cabinet de conseil Okan Partners.

L’ensemble des infrastructures du site doivent être performantes

« Ce n’est pas le numérique, simple point nodal, qui crée la connectivité portuaire. L’ensemble des infrastructures du site doivent être performantes », abonde Armand Hounto, expert en affaires maritimes et professeur à la Sorbonne, citant l’exemple de Dakar où DP World a mandaté Camco Technologies pour conjuguer portes automatiques et système de rendez-vous. Sans, pour l’heure, obtenir de résultat sur la congestion. « Le système de rendez-vous est une bonne idée, mais il n’y a pas encore de solide Port Community System (PCS), solution informatique globale incluant tous les acteurs du port, des compagnies aux douanes en passant par l’autorité portuaire et les logisticiens », explique le consultant.

Le cas de Dakar n’est pas isolé – Abidjan, l’un des principaux ports d’Afrique de l’Ouest, est également concerné – mais il n’y a pas de fatalité.  À Cotonou, l’autorité portuaire a mis en place un PCS efficace dans l’échange de données, où tous les acteurs (y compris les douanes, souvent réticentes à partager leurs informations) sont inclus. Et, comme le souligne un rapport de la Banque Mondiale daté de 2021, le temps de transit y a chuté, passant de 39 jours en 2011 à 6 jours en 2012.

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