Cameroun : pourquoi les militants du MRC ont-ils été condamnés par des tribunaux militaires ?
Lundi 27 décembre, une cinquantaine d’opposants camerounais ont été condamnés pour « insurrection », « rébellion » ou « atteinte à la sûreté de l’État ». Mais pourquoi ces civils ont-ils été jugés par un tribunal militaire ? « Jeune Afrique » lève le voile.
La sentence est très lourde. Ce 27 décembre, alors que le pays a les yeux rivés sur la Coupe d’Afrique des nations qui se profile le 9 janvier, le tribunal militaire de Yaoundé a condamné Alain Fogué et Olivier Bibou Nissack, deux cadres du parti de Maurice Kamto, à sept ans de prison ferme pour « insurrection », « rébellion » et « atteinte à la sûreté de l’État ».
Le président du tribunal, le colonel Misse Njone Jacques Beaudoin, a également prononcé la condamnation de près de cinquante autres personnes – toutes militantes du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et arrêtées à la suite de la manifestation du 22 septembre 2020 organisée par l’opposition –, avec des peines allant d’une à six années d’emprisonnement.
Aucun des accusés n’était présent au procès, pas plus que leurs avocats, qui avaient choisi de ne pas se présenter pour contester la compétence du tribunal. « Un tribunal militaire n’a pas à juger des civils. C’est une violation de leurs droits et c’est en contradiction avec les traités internationaux que le Cameroun a ratifiés », dénonce l’un d’eux, contacté par Jeune Afrique.
« Comment peut-on croire à son indépendance ? »
Pourquoi le colonel Misse Njone Jacques Beaudoin a-t-il présidé le procès de dizaines de civils à la tête d’un tribunal militaire ? Depuis l’indépendance, l’État du Cameroun s’est en réalité arrogé le droit de créer par décret des juridictions militaires dont les compétences s’étendent non seulement aux infractions commises par des soldats mais également à celles liées à la sûreté intérieure de l’État et à la réglementation sur les armes.
L’idée est que les militaires sont les mieux mieux placés pour juger des actes commis contre la nation
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