Le Monde de Rakidd, l’actualité de 2001 à nos jours racontée en bande dessinée

En 35 planches, le dessinateur Rachid Sguini croque les quinze dernières années. Entre horreur et espérance.

Le Monde de Rakidd, de Rachid Sguini, éditions Faces Cachées, 88 pages, 14 euros.

Le Monde de Rakidd, de Rachid Sguini, éditions Faces Cachées, 88 pages, 14 euros.

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Publié le 4 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Une exposition consacrée à Tintin au centre Georges Pompidou à Paris en décembre 2009. © JACQUES BRINON/AP/SIPA
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BD : dessine-moi le monde

Célébré dans une expo parisienne, le créateur de Tintin suscite toujours la polémique alors même que ses héritiers émancipés proposent une approche bien moins caricaturale de l’actualité contemporaine.

Sommaire

Comment raconter l’actualité depuis 2001 ? Avec Le Monde de Rakidd, Rachid Sguini, né en 1988 au Puy-en-Velay (Auvergne), s’y emploie par le texte et le dessin. L’auteur du blog « Les gribouillages de Rakidd »*, repris en boucle sur les réseaux sociaux, pose son regard sur les quinze dernières années à travers 35 planches et textes. À la fois chroniques illustrées et dessins commentés tant la forme et le verbe sont indissociables, le livre est une fresque qui en dit autant sur les événements que sur celui qui les commente.

À côté des incontournables, comme le 11 septembre 2001, le Printemps arabe, les attentats du 7 janvier 2015, il y a aussi le coup de boule de Zidane, la mort de la drôle de dame Farrah Fawcett, les 80 ans de Donald Duck… Dans le choix de mettre en lumière certains faits plutôt que d’autres et dans sa façon de les mettre en scène, Rakidd se livre, s’engage, affirme ses opinions d’homme et pose sa patte d’artiste.

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L’homme d’abord, qui refuse les assignations identitaires à se dire français ou marocain, se définit comme « un mix entre américanisme, cultures arabo-musulmane et française ». « J’ai lu des mangas, grandi avec les films de l’Oncle Sam et je parle la langue de Molière, tout ça sur une gueule de métèque », écrit-il.

L’artiste refuse le pessimisme ambiant. Il dépeint l’historique et l’anecdotique, les grands hommes et les petites gens, ce (et ceux) qu’il n’aime pas et, chose plus rare par les temps qui courent, ce (et ceux) qu’il aime. Au cœur du tragique, il représente l’espoir : Latifa Ibn Ziaten, mère d’une victime de Merah, plutôt que le terroriste ; Aylan en Petit Prince plutôt qu’en cadavre sur la plage…

Les pieds dans la boue mais les yeux vers le ciel, Rakidd veut voir les rayons du soleil derrière les nuages noirs de l’information : « Tout ne va pas bien, je ne suis pas si naïf. Mais tout n’est pas à jeter. Quand vous fermerez ce livre, regardez autour de vous. Le monde est beau. La vie est belle. » Et Le Monde de Rakidd, entre réalisme et poésie, est bien beau, lui aussi.

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