Taïwan – Afrique : à fond la forme

En tournée sur le continent africain mi-avril, le président taïwanais Ma Ying-jeou a fait du foot, des pompes, de la cuisine… Le tout pour ménager ses derniers soutiens face à Pékin.

Le leader taïwanais Ma Ying-Jeou, au Burkina Faso, le 9 avril. © Ahmed Ouoba/AFP

Le leader taïwanais Ma Ying-Jeou, au Burkina Faso, le 9 avril. © Ahmed Ouoba/AFP

Clarisse

Publié le 4 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Manuel Pinto da Costa était-il en trop petite forme pour oser affronter Ma Ying-jeou ? En déplacement à Cuba, le président de São Tomé e Príncipe est le seul des quatre derniers alliés diplomatiques de Taipei en Afrique à n’avoir pas pu apprécier la forme olympique du dirigeant de Taïwan lors de sa tournée sur le continent, du 7 au 18 avril.

Il faut dire que pour sa visite au Burkina, en Gambie et au Swaziland (l’étape santoméenne ayant donc été annulée) Ma Ying-jeou, 61 ans et physique de jeune premier, avait choisi la méthode douce, histoire de ne pas heurter son voisin chinois, désormais deuxième puissance mondiale. Au menu de ce périple haut en couleur : activités sportives à des fins de communication et traditionnelles visites de projets financés par son pays.

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En Gambie, dans un lycée financé par Taïwan, il s’est gracieusement prêté à une partie de football avec séance de tirs au but contre le président Yahya Jammeh – partie qu’il a fort opportunément remportée. Car Yahya Jammeh, présenté comme un autocrate ubuesque par ses détracteurs, sait recevoir. En particulier lorsque 3 millions de dollars environ lui sont versés pour l’aider à faire face à la crise alimentaire qui ravage son pays. D’ailleurs, le président gambien a aussi connu son quart d’heure de gloire sportive en faisant jeu égal dans le duel de pompes qui l’a opposé à son homologue.

Une "diplomatie de l’aérobic"

Au Swaziland, dernière monarchie absolue d’Afrique et ultime étape de la tournée de Ma Ying-jeou, les pompes étaient aussi de rigueur. Mswati III et son invité – par ailleurs joggeur invétéré – en ont accompli une vingtaine chacun. Au Burkina, enfin, le président taïwanais, dont le nom Ma signifie « étalon », s’est vu offrir de nombreux cadeaux, dont un cheval blanc. Pour des raisons pratiques, il a laissé le cheval sur place, mais a promis de s’enquérir régulièrement de son état de santé.

Aux railleries de l’opposition taïwanaise, qui fustige une « diplomatie de l’aérobic » emmenée par un président aux allures de « chef d’une troupe de cirque », Ma Ying-jeou oppose « l’élargissement de l’espace international de l’île et la qualité des relations entretenues avec ces États ». Tout en réfutant les accusations selon lesquelles Pékin continue d’étouffer Taïwan sur la scène internationale, il rappelle que c’est sous son prédécesseur (membre de l’opposition) que le Niger, le Tchad ou le Sénégal se sont détournés de Taïwan.

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Pour Jean-Pierre Cabestan, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et responsable du département des études internationales et des sciences sociales à la Hong Kong Baptist University, Taipei fait avec les moyens du bord pour exister en tant qu’État. Depuis 2008, une trêve diplomatique entre les deux Chine l’empêche d’en faire plus. Cette visite ne modifiera donc pas la donne stratégique en Afrique. Au demeurant, l’essentiel pour Taïwan aujourd’hui, ce sont ses relations non officielles avec Pékin, Washington et ses principaux partenaires asiatiques. 

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