Dakar Fashion Week 2018 : un premier défilé en demi-teinte

Des designers à la côte montante ont eu l’occasion de dévoiler leurs collections au cours d’un premier défilé ce jeudi 21 juin, entre véritables originalités, signatures traditionnelles et attachement aux tendances.

Le premier défilé de la Dakar Fashion Week, le jeudi 21 juin. © Youri Lenquette pour JA

Le premier défilé de la Dakar Fashion Week, le jeudi 21 juin. © Youri Lenquette pour JA

KATIA TOURE_perso

Publié le 22 juin 2018 Lecture : 4 minutes.

Si la fête de la musique bat son plein dans quelques endroits de Dakar, à l’hôtel Pullman Teranga du quartier du Plateau, l’heure est à la célébration de la mode. Mais parlons plutôt de modes. Car, parmi les collections présentées au cours du premier défilé de la Dakar Fashion Week, ce jeudi 21 juin au soir, les directions sont largement diverses.

Il y a de l’originalité, du caractère, auréolé parfois d’une forte extravagance. Il y a du déjà-vu quoique fort séduisant grâce à la recherche sur les coupes. Et puis, il y a de la tradition, prédilection un brin décevante ce soir-là, quand il semble qu’à l’heure actuelle, l’inclination traditionnelle rime automatiquement avec audace et… futurisme ?

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Du blanc en guise de dress code

La majorité du public de ce défilé-tremplin a largement répondu à l’injonction du dress code : du blanc dans toutes ses nuances. Quelques minutes avant le grand départ, un pianiste joue Gnossiennes d’Erik Satie quasiment presto. Une façon d’annoncer que les festivités démarreront à l’heure ? Que nenni. Il faut s’en tenir au timing sénégalais.

Au bout d’une heure de patience, c’est devant un parterre de personnalités, blogueurs, entrepreneurs, artistes venus du Sénégal et d’ailleurs que les huit designers choisis – majoritairement sénégalais, dévoilent leurs collections. Sans oublier une sélection toute en fuchsia, bleu saphir et violet pourpre, simple et allègre, consacrant les volants sur des pantalons palazzo et robes courtes, signée Adama Paris pour couronner le tout.

Télescopage textile

Le Malien Jean Kassim Dembele, à la tête de sa griffe JK Dressing, ouvre le bal avec une collection masculine des plus singulières. Le mélange de tissus et de couleurs est surprenant. D’ailleurs, le télescopage textile semble être une signature très présente parmi les designers les plus originaux. Chez Dembele, le bazin bleu roi se mêle à un tissu jaune bien plus léger, typiquement malien. C’est aussi le marron qui se mêle à l’orange comme pour rappeler une certaine empreinte sahélienne. De surcroît, les coupes sont fluides pour des looks décontractés. Orange, violet, jaune et nuances de bleu dominent pour des pièces dont la simplicité est parfois agrémentée de quelques subtilités architecturales. Là est l’excentricité…

Une belle entrée en matière avant l’arrivée de Fadel Ndiaye, Sénégalais dont la marque Madhouse convoque des tenues un brin destroy. Au cœur de ses créations, le tissu indigo servi avec des nuances de gris et de blanc pour des robes géométriques et des vestes kimono ou mi-longues à volants. Accessoire clé : la ceinture bleu indigo qui souligne les tailles. Et clou du spectacle : une majestueuse robe bustier compilant l’ensemble des éléments égrainés tout le long de la présentation de ses modèles.

Le premier défilé de la Dakar Fashion Week, le jeudi 21 juin. © Youri Lenquette pour JA

Le premier défilé de la Dakar Fashion Week, le jeudi 21 juin. © Youri Lenquette pour JA

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Tradition sans saveur 

L’enthousiasme s’efface soudainement à la vue de la collection sombre et nocturne de la griffe sénégalaise Tiiya. Cette dernière fait la part belle aux robes de soirée aux tons noirs, où s’invitent quelques broderies un brin grossières. De cette collection tend à se dégager quelque chose de vibrant, d’électrique mais quelque chose fait obstacle. Peut-être le manque d’originalité des coupes ?

La suite n’est pas plus ragoutante. Chez Splendeurs d’Afrik, on s’attache à la tradition avec la confection de boubous bleu clair. Le choix des motifs quant aux broderies est plutôt candide : carte de l’Afrique, partition musicale… Le côté arty des précédentes collections est définitivement passé à la trappe.

 © Youri Lenquette pour JA

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La Sénégalaise Alia Baré fait aussi jeu de tradition sans aucune prise de risque quitte à susciter un certain ennui. La styliste qui vient clore cette suite de déceptions est Yvonne Jewnell, New-Yorkaise de son état. L’explosion de couleurs jusqu’à saturation, le côté bling-bling de ses robes ultra-sexy et le choix des tissus (on notera une inclination poussive pour le kente ghanéen) ne nous séduit guère…

 © Youri Lenquette pour JA

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Les mariées de Sisters of Afrika 

Il faut attendre deux créatrices sénégalaises pour retrouver le sourire. Hélène Daba (Sisters Of Afrika) et Astou Mballo (Bobo by Sag). Hélène Daba a choisi de sublimer la femme portée sur le… blanc. Autant dire que certaines jeunes femmes parmi le public avaient de quoi repenser leurs tenues. Elle surfe notamment sur la tendance des pièces en coton blanc brodées et perforées pour une suite de pièces quasiment artistiques. La styliste semble proposer différents types de robes de mariée avec voilages aux détails recherchés. Des mariées tantôt déesse grecque, stricte, classique, fantaisiste ou sexy.

 © Youri Lenquette pour JA

© Youri Lenquette pour JA

Quant à Astou Mballo, elle joue avec deux signatures : robes à carreaux verts rétros et le même travail sur le coton de couleur perforé (blanc ou jaune). En somme, en plus de JK Dressing et Madhouse, ce défilé nous aura offert quatre véritables coups de cœur.

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