Abdel Fattah al-Sissi : « Sans action, le danger terroriste ne peut que s’étendre. Et il s’étend »
Terrorisme, projets pour l’Égypte, Libye, Syrie, rapports avec l’Occident… Le président égyptien évoque longuement tous ces sujets dans la grande interview qu’il a accordée à « Jeune Afrique ».
Sauveur providentiel pour ses partisans (nombreux), tyran putschiste pour ses opposants (acharnés), le président Abdel Fattah al-Sissi laisse encore perplexe dans les chancelleries et les rédactions occidentales.
Que veut-il ? Jusqu’où ira-t-il ? Et où mène-t-il l’Égypte ?, se demande-t-on alors qu’une répression sans précédent s’abat depuis deux ans sur les Frères musulmans mais aussi sur les mouvements militants gauchistes et libéraux qui avaient fait la révolution du 25 janvier 2011. Le second sursaut révolutionnaire du 30 juin 2013, qui a chassé les islamistes du pouvoir, n’a-t-il pas adjoint les impératifs de sécurité et d’ordre aux revendications de 2011? interjette-t-on dans l’entourage présidentiel. Pour marquer le nouveau départ de l’Égypte sur une base qu’il veut stable, le raïs héritier des pharaons et des sultans multiplie les grands projets, et a déjà mené à bien le réaménagement du canal de Suez en un temps record.
Le nouvel homme fort du Caire veut aussi rendre à l’Égypte sa position éminente sur la scène diplomatique régionale et internationale. Et, à l’heure où les crises politiques plongent le Moyen-Orient dans un marasme prolongé, l’Afrique attire toute son attention.
Les 20 et 21 février prochain, le président accueillera ainsi à Charm el-Cheikh des centaines de décideurs économiques et politiques du continent, dont de nombreux chefs d’État, pour le forum Africa 2016. C’est dans ce contexte que Jeune Afrique a eu l’occasion d’une interview d’une heure et demie dans le palais présidentiel d’Al-Orouba.
Une Égypte forte, au coeur de l’Afrique
Au cours de ce long entretien, Abdel Fattah al-Sissi a d’abord évoqué sa vision de l’Afrique où « l’Égypte doit revenir en force et redevenir ce qu’elle a déjà été, un des piliers de l’action africaine commune ». Puis il a exposé son analyse de la situation et de l’action à mener chez le voisin libyen en faillite, s’interrogeant à l’heure où les rumeurs d’intervention occidentale s’intensifient « pourquoi nous en remettre à l’Otan sans avoir cherché à exploiter toutes les solutions internes de ce pays ? ». Car, constate-t-il à propos des chaos syriens et irakiens où l’Occident tente de mettre bon ordre en s’investissant diplomatiquement et militairement, « les résultats ne sont pas du tout à la hauteur des moyens déployés ».
Comme la Libye, la Syrie et l’Irak, mais aussi le Yémen, la Somalie, le Mali, le Nigéria et l’Europe elle-même, l’Égypte fait face au fléau jihadiste et son chef de répéter inlassablement que « le terrorisme nous touche tous et nous devons y faire face ensemble sans attendre qu’il s’invite à l’intérieur de nos frontières ». Et c’est, pour ce général à la retraite, dans ce contexte qu’il « faut savoir faire la part entre objectifs de sécurité et droits de l’homme ».
Prudentes sur certains sujets, percutantes sur d’autres, parfois à comprendre entre les lignes, ses réponses laissent penser son engagement total pour son pays et son peuple qu’il s’agit, il le répète avec conviction, « de protéger et de rendre heureux ».
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