Mohamed Lamine Fofana : « Le moteur minier n’a jamais joué son rôle en Guinée »

Priorité du ministre des Mines guinéen : la mise en exploitation, enfin, du mégagisement de fer du mont Simandou.

« Nous ne pouvons pas octroyer de nouvelles licences d’exploration tant que nous n’avons pas soldé le passé. » © Youri Lenquette

« Nous ne pouvons pas octroyer de nouvelles licences d’exploration tant que nous n’avons pas soldé le passé. » © Youri Lenquette

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 9 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Confirmé à son poste de ministre des Mines lors du remaniement du 5 octobre, Mohamed Lamine Fofana pilote la réforme d’un secteur stratégique pour la Guinée (80 % des recettes publiques). Son principal challenge : la réalisation des infrastructures logistiques pour le démarrage de ses gigantesques mines de fer.

Jeune Afrique : Le sous-sol guinéen, riche en bauxite, fer, or et diamant, est sous-exploité. Peut-il devenir le moteur de l’économie guinéenne ?

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Mohamed Lamine Fofana : Le moteur minier existe depuis l’indépendance, mais il n’a jamais joué son rôle d’entraînement. L’instabilité du pays et la politique minière menée décourageaient les investisseurs jusqu’en 2010. Quel groupe international est prêt à mettre son argent dans un pays où l’on entend régulièrement le bruit des bottes des militaires ? Mais la stabilité est de retour, nous avons fait adopter un nouveau code minier en septembre 2011, et nous sommes en train de faire démarrer la filière du fer.

À propos, cela fait plus de quinze ans qu’on entend parler du mégagisement du Simandou, dont les réserves sont estimées à 10 milliards de tonnes…

Notre priorité porte sur le démarrage des mines du mont Simandou.

L’exploitation du fer a déjà commencé dans la région de Forécariah. Les premières expéditions de minerais de l’australien Bellzone sont parties de là-bas en juin dernier. Mais c’est vrai, notre priorité porte sur le démarrage des mines du mont Simandou. Sur ce projet, notre principal challenge c’est la construction d’une voie ferrée de 700 km et d’un port en eau profonde, qui vont nécessiter 10 milliards de dollars [7,7 milliards d’euros, NDLR]. Les discussions vont bon train avec le groupement Rio Tinto-Chinalco, qui doit entrer en exploitation mi-2015, mais aussi avec Bellzone, qui développe un second gisement près de Faranah et devrait utiliser cette ligne.

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Le groupe Vale-BSGR dispose aussi d’une concession sur le mont Simandou. Sera-t-il autorisé à faire passer son minerai par le Liberia, dont les ports sont peu distants ?

Cette autorisation n’est valable que pour le gisement de Zogota, proche de la frontière libérienne, pas pour celui du Simandou. Nous espérons que Vale-BSGR rejoindra le projet ferroviaire de Transguinéen. Sa participation aux infrastructures est nécessaire pour leur amortissement…

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L’annonce par BHP Billiton de son retrait de Guinée n’est-elle pas un mauvais signe ?

BHP Billiton se retire de toute l’Afrique, pas seulement de Guinée. Dans sa logique de multinationale, ses gisements guinéens de fer étaient trop petits par rapport à ceux qu’il détient en Australie. Quant à son désengagement du projet de raffinerie Guinea Alumina, il est lié à la baisse des prix de l’aluminium. Actuellement, dans la filière bauxite, le climat n’est pas à l’investissement, mais je ne suis pas inquiet sur le long terme. Les mines de bauxite et les raffineries installées chez nous tournent toujours et sont rentables. La Compagnie des bauxites de Guinée [filiale à 51 % du consortium Alcoa-Alcan], qui exploite la mine de Sangaredi, se porte bien. À la raffinerie de Rusal, à Friguia, il y a eu des conflits sociaux, mais j’ai été rassuré sur la volonté du groupe russe de rester en Guinée.

Vous avez annoncé la révision des contrats miniers signés avant 2010. Où en est-on ?

Nous avons gelé toute nouvelle attribution de licence car nous voulions étudier de près les permis passés. Nous avons découvert que 1 200 d’entre eux n’ont donné lieu à aucun développement. Aidés par le cabinet international KPMG, nous allons procéder à des annulations. Il y a urgence, car nous avons en attente pas moins de 500 nouvelles demandes de licences d’exploration. Nous ne pouvons pas en octroyer d’autres tant que nous n’avons pas soldé le passé.

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