Au Burkina Faso, les opposants d’Ibrahim Traoré réquisitionnés pour la lutte antijihadiste

Une association burkinabè de défense des droits humains a dénoncé dimanche une « réquisition massive et ciblée de citoyens » critiquant la politique des autorités de transition.

Au Burkina Faso, les militaires au pouvoir veulent « réquisitionner les jeunes » pour lutter contre le jihadisme. Une association de protection des droits humains dénonce un moyen de faire taire les opposants au régime. © Stringer/Anadolu Agency/Anadolu via AFP

Au Burkina Faso, les militaires au pouvoir veulent « réquisitionner les jeunes » pour lutter contre le jihadisme. Une association de protection des droits humains dénonce un moyen de faire taire les opposants au régime. © Stringer/Anadolu Agency/Anadolu via AFP

Publié le 6 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.

« C’est avec indignation que le MBDHP [Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples] apprend que, pour la énième fois, le MPSR [Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, au pouvoir] procède, en ce moment même, à une réquisition massive et ciblée de citoyens, en application du décret portant mobilisation générale », a écrit l’association dans un communiqué.

Ces « réquisitions opérées par le MPSR concernent, pour l’essentiel, des membres du collectif d’organisations syndicales et de la société civile ayant annoncé la tenue d’un meeting le 31 octobre dernier à la bourse du travail de Ouagadougou, ainsi que des journalistes, leaders d’opinion et hommes politiques critiques sur la gestion actuelle des affaires de notre pays », précise le MBDHP.

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Une quinzaine de syndicats réunis au sein de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B) avaient lancé un appel à se rassembler le 31 octobre pour dénoncer des « restrictions de libertés ». Une manifestation finalement interdite par la mairie de la capitale burkinabè, qui invoquait le « contexte sécuritaire » dans ce pays miné par les violences jihadistes.

La CGT-B a également dénoncé dimanche dans un communiqué des « réquisitions arbitraires » et « note un acharnement contre des citoyens ayant exprimé des opinions critiques vis-à-vis des autorités de la transition ». Elle s’est également indignée d’une « application punitive et sélective » du décret portant mobilisation générale.

Arrivé au pouvoir par le biais d’un coup d’État en septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré avait signé, en avril 2023, un décret de « mobilisation générale » d’une durée d’un an permettant, si besoin, de réquisitionner des « jeunes de 18 ans et plus » pour lutter contre les jihadistes.

Plusieurs cas d’enlèvements

Selon le MBDHP, ce décret « a été spécialement conçu et adopté non pas pour contribuer à la lutte contre le terrorisme mais pour réprimer toute personne émettant un avis sur la gestion actuelle de notre pays, qui ne rencontrerait pas l’assentiment des puissants du moment ».

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Par ailleurs, plusieurs cas d’enlèvements ont été rapportés ces derniers mois par des sources locales à Ouagadougou. En avril, une autre organisation syndicale, l’Unité d’action syndicale, avait exigé la libération de personnes « enrôlées de force » comme Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des  supplétifs civils de l’armée.

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique, lesquels sont à l’origine de plus de 17 000 morts, civils et militaires, et de près de deux millions de déplacés internes.

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(avec AFP)

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