Gouvernement ivoirien : trois mousquetaires et une lady

Billon, Brou, Kacou et Bamba : un grand patron, un technocrate, un spécialiste du tourisme et une juriste ont fait leur entrée au gouvernement ivoirien.

Le nouveau gouvernement ivoirien, le 22 novembre. © Sia Kambou/AFP

Le nouveau gouvernement ivoirien, le 22 novembre. © Sia Kambou/AFP

Publié le 29 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Une belle rebelle, ancienne voix des Forces nouvelles (FN), rejoint le gouvernement dont elle devient la porte-parole adjointe. À 42 ans, Affoussiata Bamba est la seule femme parmi les quatre nouvelles têtes qui font leur entrée dans le nouveau cabinet. Héritant du portefeuille de la Communication, elle devra mener à bien la délicate libéralisation de l’audiovisuel. Cette avocate inscrite au barreau de Paris avait rejoint Guillaume Soro lors de la signature des accords de Marcoussis, en 2003, conseillant l’ex-chef rebelle et effectuant de discrètes missions auprès des comzones durant la longue crise ivoirienne.

Fille de Moriféré Bamba, le président du Rassemblement du peuple de Côte d’Ivoire (RPCI, de gauche), Affousiata a très tôt été initiée aux arcanes de la politique. Députée du Rassemblement des républicains (RDR) dans le quartier d’Abobo (Abidjan), elle s’est impliquée dans la défense du droit des femmes et de la famille. En sa qualité de présidente de la Commission des affaires générales et institutionnelles du Parlement, elle a récemment présenté le projet de loi sur l’égalité homme-femme que l’Assemblée nationale a eu tant de mal à adopter après un clash au sein de la coalition au pouvoir qui a officiellement motivé le changement de gouvernement… En réalité, le président Ouattara voulait injecter du sang neuf pour l’épauler en matière économique. Il a donc choisi trois mousquetaires aux compétences reconnues. Tout d’abord, Jean-Louis Billon, 48 ans, président du conseil d’administration de Sifca, premier groupe privé ouest-africain, nommé ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des PME. Le maire de Dabakala (Nord) n’a pas la langue dans sa poche quand il s’agit de défendre les intérêts des entreprises nationales. Réputé pour sa probité, il a déjà démissionné de toutes ses fonctions patronales pour éviter d’éventuels conflits d’intérêt.

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Affoussiata Bamba, la ministre de la Communication.

© Vincent Fournier/J.A.

Sa mission principale ? Combattre la corruption dans le secteur privé et mettre en oeuvre ses idées : développement du commerce régional, appui aux PME-PMI, structuration des filières où la main-d’oeuvre est nombreuse (cacao, caoutchouc, sucre, transports). Il devrait faire profiter le gouvernement de son carnet d’adresses, particulièrement bien fourni en investisseurs asiatiques. L’industriel est en effet allié avec deux des géants agro-industriels, les singapouriens Olam et Wilmar, actionnaires de Sifca. « Je laisserai arbitrer le ministre de l’Industrie dès que l’une des entreprises du groupe Sifca sera impliquée dans un dossier », confie-t-il.

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Banque mondiale

Il devra travailler main dans la main avec Jean-Claude Brou, le nouveau ministre de l’Industrie, rentré du Tchad où il était représentant-résident de la Banque mondiale. Ce technocrate a toujours été dans le sillage de Ouattara, au Fonds monétaire international (FMI). En 1990, quand Houphouët nomme Ouattara Premier ministre, Brou abandonne ses fonctions de représentant-résident du FMI au Sénégal pour devenir son conseiller spécial chargé de l’économie. Un poste qu’il cumulera avec celui de président du Comité de privatisation, où il oeuvrera à la libéralisation de l’économie. Quand Ouattara quitte la primature, en 1993, Brou est nommé directeur de cabinet de Daniel Kablan Duncan, alors Premier ministre, jusqu’au coup d’État de 1999.

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En 2000, il est recruté par Charles Konan Banny à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, qu’il quitte vers la fin des années 2000 pour rejoindre la Banque mondiale. Originaire d’Aboisso (Sud-Est), Brou est titulaire d’une maîtrise de sciences économiques de l’université de Cocody à Abidjan, et d’un doctorat en économie de l’université de Cincinnati (États-Unis).

Dernière arrivée au gouvernement, celle de Roger Kacou, 59 ans, au ministère du Tourisme. Originaire de Moossou (Sud), le fils d’Alcide Kacou – qui fut ministre des Travaux publics sous Houphouët – a fait toute sa carrière dans l’hôtellerie après une maîtrise en sciences économiques à l’université d’Abidjan, complétée par une maîtrise en administration hôtelière de la Cornell School of Hotel Administration à Ithaca (État de New York). Il a dirigé le village Hôtel Ivoire d’Abidjan dans les années 1980-1990, puis assuré le développement du groupe Blue City Company à Oman. Il occupait dernièrement le poste de vice-président Afrique de la chaîne Mövenpick Hotels & Resorts.

Pour ces quatre nouveaux ministres, le premier grand test devrait être la table ronde des bailleurs de fonds de la Côte d’Ivoire, les 4 et 5 décembre, à Paris, où ils devront présenter leurs objectifs et leurs dossiers de financement. 

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