Centrafrique : la volonté de reddition de Joseph Kony, info ou intox ?

Le président de la transition, Michel Djotodia, affirme négocier avec le chef de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), Joseph Kony, recherché pour crimes contre l’humanité. Mais les États-Unis et l’ONU sont septiques sur la réalité de ces contacts. Explication.

Joseph Kony est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI. © AFP

Joseph Kony est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI. © AFP

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Publié le 21 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Depuis plusieurs jours, les autorités centrafricaines affirment avoir entamé des négociations directes avec Joseph Kony, le chef de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Kony serait même "disposé à renoncer au combat", selon le porte-parole de la présidence, Guy Simplice Kodégué. Ce dernier a également assuré à RFI que des émissaires du chef de l’État, Michel Djotodia, ont rencontré, il y a deux semaines, Joseph Kony dans la zone où il se serait établi, à Nzako, dans la préfecture du Mbomou (sud-est).

Ces affirmations ont été accueillies froidement par Abou Moussa, le représentant spécial et chef du bureau régional des Nations unies en Afrique centrale. "Je doute qu’il [Kony] ait renoncé à ses exactions", a-t-il déclaré.

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Quelle est la réalité de ces négociations et quelles sont les véritables intentions de Kony ? Ce que l’on sait, c’est qu’en août, un groupe de la LRA dirigé par Otto Ladeere, qui fut l’un des proches gardes du corps de Kony, et présent près de la ville minière de Nzako depuis 2010, est entré en contact avec Bangui. Dans deux lettres, l’une adressée à Djotodia, l’autre aux autorités locales, le groupe a affirmé vouloir déposer les armes et s’établir en RCA. Les lettres précisaient que Kony souhaitait également renoncer au combat.

En réponse, Michel Djotodia dépêche sur place une délégation menée par Zakaria Damane. Ancien chef de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) auquel le président de la transition a succédé, ce dernier est aujourd’hui l’un de ses conseillers. En octobre, cette délégation effectue plusieurs voyages dans la zone où opère le groupe de la LRA, lui fournissant de la nourriture et des médicaments. Les contacts se sont ensuite poursuivis sans que la reddition des membres de la guérilla ne se concrétise.

Si Bangui mène bien des négociations avec des membres de la LRA, il est difficile de dire si Kony y est associé.

Si Bangui mène bien des négociations avec des membres de la LRA, il est donc difficile de dire si Kony y est associé. La trace du chef rebelle ougandais a été perdue depuis mars – celui-ci avait alors été signalé dans l’enclave de Kafia Kingi située sur la frontière entre la RCA, le Soudan du Sud et le Soudan.

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Pression militaire

La Centrafrique est l’un des pays où la LRA est la plus présente. Entre mai et octobre, 7 attaques s’y sont déroulées. Bilan : 17 morts et 79 enlèvements. Profitant de la dégradation sécuritaire, la guérilla a migré vers la région du nord-est afin d’échapper aux opérations de la Force régionale d’intervention de l’Union africaine (UA).

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Cette force, dont le mandat a été prorogé jusqu’au 22 mai 2014, est formée de trois contingents, ougandais, soudanais du sud et congolais. Elle compte 3 085 hommes formés par des conseillers militaires américains.

Selon l’ONU, l’activité de la LRA a diminué dans la préfecture de Haut-Mbomou et a augmenté dans la riche zone minière de la Haute-Kotto où les troupes régionales ne sont pas présentes. Sous l’effet de la pression militaire, la LRA a également modifié son modus operandi. Fini les déplacements en nombre, la guérilla opère maintenant en petites cellules de trois à cinq hommes armés. Et parvient toujours à terroriser les populations.
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Par Vincent Duhem

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