Algérie : un blogueur en prison après avoir interviewé un Israélien

Le blogueur Merzoug Touati, qui anime le blog Al Hogra, est accusé d’ « intelligence avec une puissance étrangère », après avoir diffusé en ligne son entretien avec un prétendu diplomate israélien. Il encourt jusqu’à 25 ans de prison.

Le blogueur algérien Merzoug Touati avait été arrêté le 25 janvier 2017. © Facebook / Merzoug Touati

Le blogueur algérien Merzoug Touati avait été arrêté le 25 janvier 2017. © Facebook / Merzoug Touati

Publié le 31 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

« Mon client est totalement abattu, il ne s’attendait pas à une telle réaction des autorités », affirme l’avocat Me Sofiane Ikken. Arrêté le 25 janvier, Merzoug Touati est depuis incarcéré et poursuivi en justice pour « intelligences avec une puissance étrangère ». Un chef d’inculpation qui peut lui valoir, selon l’article 71 du Code pénal algérien, entre dix et vingt ans de réclusion.

Son crime ? Avoir publié le 9 janvier une vidéo, dans laquelle il s’entretient avec un prétendu diplomate israélien − dont l’identité demeure sujette à caution, Merzoug Touati l’ayant contacté par « une simple recherche Google » d’après son avocat− pour l’interroger sur les relations entre l’État hébreu et les pays arabes.

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Des relations présumées entre Tel-Aviv et le Maghreb

Contrairement à ce que peuvent laisser entendre certains politiques de ces pays, l’interlocuteur du blogueur récuse toute ingérence d’Israël dans leurs affaires, notamment lors des soulèvements populaires de 2011. Surtout, il affirme qu’il existait des relations diplomatiques officieuses entre Tel-Aviv et les capitales maghrébines (notamment des bureaux de liaison à Tunis et Rabat) avant 2000, date de la seconde Intifada. Des accusations loin d’être anodines en Algérie, où le pouvoir refuse de reconnaître l’existence d’Israël et où le sentiment pro-palestinien reste très fort. 

Diplômé en économie internationale, Merzoug Touati est au chômage depuis la fin de ses études universitaires. Pour subsister, il enchaîne les petits boulots sur les chantiers. Le reste du temps, le jeune homme anime son blog, Al Hogra, où il égrène les accusations contre la corruption et la mauvaise gestion des autorités locales.

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Ses publications lui valent également d’être poursuivi pour « incitation à un attroupement armé », une accusation qui pourrait lui valoir un à cinq années de prison supplémentaire. « Il n’appelle pas à une insurrection armée, défend son avocat. Il se revendique comme un militant pacifiste. »

Le blogueur proche de Slimane Bouhafs ?

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Depuis son arrestation, « la police a perquisitionné le domicile de Touati Merzoug et a saisi son micro-ordinateur ainsi que son appareil photo », relate la Ligue algérienne des droits de l’homme sur sa page Facebook. Les autorités le soupçonnent d’être lié à Slimane Bouhafs, un chrétien converti condamné en 2016 à trois ans de prison pour « offense à l’Islam et au prophète ». « Ce n’est tout simplement pas vrai, affirme Me Sofiane Ikken. Il a pu le soutenir sur Internet, comme beaucoup de gens, mais ils ne se connaissent pas. »

Incarcéré à la prison d’El Khemis, à Béjaïa, le jeune homme a fait appel contre l’ordonnance de mandat de dépôt. La réponse du juge d’instruction doit être connue dans les prochains jours.

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