Ce jour-là : le 22 janvier 1879, les Zoulous battent les Britanniques à la bataille d’Isandhlwana

Suite au rejet par le roi zoulou Cetshwayo kaMpand de l’ultimatum lancé par l’armée britannique, cela fait onze jours que l’invasion du « Zoulouland » a commencé. Au pied de la colline Isandhlwana, où les canons occidentaux répondent aux sagaies des Africains, une des plus mythiques batailles coloniales se déroule.

Guerriers zoulous, fin XIXe siècle – début XXe siècle. © Capture d’écran YouTube

Guerriers zoulous, fin XIXe siècle – début XXe siècle. © Capture d’écran YouTube

Publié le 22 janvier 2017 Lecture : 3 minutes.

Au matin du 22 janvier 1879, un calme précaire règne dans la plaine d’Isandhlwana, à une centaine de kilomètres au nord de la côte où se trouve aujourd’hui Durban. Le commandant des troupes britanniques en Afrique du Sud, Lord Chelmsford, observe depuis un poste avancé les mouvements ennemis près de la rivière Mangeni. Pour lui c’est une certitude, le combat avec l’armée zouloue est proche.

Sûr de sa supériorité, Chelmsford n’a laissé qu’une faible partie de ses hommes dans leur camp arrière, près de la colline d’Isandhlwana, « la petite main » en zoulou. Mais sous les coups de 10h, des guetteurs de la cavalerie anglaise tombent nez à nez avec des guerriers zoulous près du camp : les effectifs aperçus près de la Mangeni n’étaient qu’un leurre,  la vrai bataille commence ici.

la suite après cette publicité

Prenant à revers les Britanniques, l’armée zouloue attaque le camp, mal fortifié et défendu par peu de soldats. Selon les estimations, environ 1 700 soldats le protègent, sur les presque 8 000 engagés au « Zoulouland ». Des soldats de la Couronne, des Boers mais aussi des Africains – mosothos notamment – composent la défense.

En face, les Zoulous du roi Cetshwayo kaMpand seraient environ 20 000. Organisés par tranches d’âge, ils ne disposent que de peu d’armes à feu, l’armement traditionnel étant composé d’une sagaie (iklwa) et d’un large bouclier.

Une débâcle anglaise 

Si les Britanniques envahissent le « Zoulouland », ce n’est pas uniquement pour continuer leur entreprise coloniale. En effet, après avoir annexé le Natal et le Transvaal – des territoires auparavant conquis par les Boers – ils attisent la rancœur de ces derniers. Pour apaiser les immigrés hollandais, Londres décide de « s’occuper » du grand royaume autochtone limitrophe.

"The Battle of Isandlwana" de Charles Edwin Fripp, 1885. © Capture d’écran Youtube

"The Battle of Isandlwana" de Charles Edwin Fripp, 1885. © Capture d’écran Youtube

la suite après cette publicité

Alors que les Britanniques ne pensent qu’à un léger mouvement de troupes, c’est une véritable armée qui surgit des forêts où les guerriers zoulous s’étaient dissimulés. Les bataillons britanniques – infanterie, cavalerie, artillerie – sont alors déployés à la hâte par les deux officiers en charge du camp, le colonel Durnford et le lieutenant-colonel Pulleine.

Les Zoulous appliquent alors leur fameuse tactique dite de la « tête du buffle ». Théorisée par le roi des Zoulous, Chaka, au début du XIXe siècle, elle consiste à attaquer simultanément par les côtés (les cornes) et par le centre (la tête) pour encercler l’adversaire, le schéma formant alors une tête munis de cornes.

La plus importante défaite Britannique en Afrique

la suite après cette publicité

Si les lignes centrales des colons tiennent bon grâce à leur puissance de feu – notamment celle des fusils Martini-Henry – les côtés sont eux en difficulté et reculent. Un message est alors envoyé à Lord Chelmsford, pour l’informer de l’attaque du camp et lui demander d’envoyer des renforts. Mais, persuadé qu’il s’agit d’une diversion, Chelmsford rechigne à rebrousser chemin !

Sur les coups de 14 heures, le corps central des Zoulous avance, alors que les côtés arrivent finalement à cerner le camp d’Isandhlwana, coupant une possible retraite britannique. La tactique zouloue triomphe et les britanniques sont massacrés dans le camp submergé.

Sur les 1 700 hommes que comptait ce dernier, seule une grosse centaine parviendront à échapper à la mort. Les Zoulous eux perdent environ 2 000 hommes. Cette défaite demeurera la plus importante pour l’Empire britannique en Afrique, mais son retentissement jusqu’à Londres va paradoxalement précipiter la chute du royaume zoulou.

Envoi de 10 000 soldats supplémentaires

Piqué au vif, humilié par les « indigènes » Zoulous, le résident du 10 Downing Street Benjamin Disraeli décide l’envoi de 10 000 soldats supplémentaires. En mai 1879, Lord Chelmsford dispose alors d’environ 17 000 soldats pour réaliser l’invasion du « Zoulouland ».

Les mois qui suivent, les Britanniques enchaînent les victoires en ne subissant que peu de pertes. L’invasion aboutit lors de la bataille d’Ulundi, le 4 juillet 1879, à la capture du roi Cetshwayo kaMpand.

La guerre anglo-zouloue terminée, les Britanniques démembrent le royaume fondé par Chaka en le divisant en treize territoire, tandis que le roi est mis en prison jusqu’en 1883. Huit ans après l’invasion du « Zoulouland », l’ancien royaume est officiellement annexé en 1887.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires