Claude Le Roy : « Il faut que la CAF dynamise les championnats locaux »

Actuellement engagé avec le Congo, l’ex-entraîneur des Lions indomptables du Cameroun a connu Issa Hayatou. Et dresse un bilan plutôt positif de son action à la tête de la CAF.

Claude Le Roy pendant la CAN, le 20 janvier 2008, à Accra ,au Ghana. © Alastair Grant/AP/SIPA

Claude Le Roy pendant la CAN, le 20 janvier 2008, à Accra ,au Ghana. © Alastair Grant/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 11 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Comment avez-vous vu le football évoluer depuis l’accession d’Issa Hayatou à la présidence de la Confédération africaine de football [CAF], en 1988 ?

Claude Le Roy : Il était président de la Fédération camerounaise de football [Fecafoot] quand je dirigeais les Lions indomptables. Il était très réceptif à mes demandes. Et il a contribué à développer le football camerounais. Depuis qu’il est à la tête de la CAF, le football africain a beaucoup progressé. Tout n’a pas été bien fait certes, et certaines choses auraient dû être réalisées. Mais il y a davantage de compétitions, notamment pour les jeunes et les femmes. La CAF a créé le Championnat d’Afrique des nations (CHAN), le nombre d’équipes en phase finale de la CAN [Coupe d’Afrique des nations] est passé de huit à seize, cinq sélections représentent le continent en Coupe du monde, et l’Afrique du Sud a accueilli le tournoi en 2010. L’arbitrage s’est lui aussi nettement amélioré, même s’il y a encore quelques couacs, comme partout. Enfin, il a fait de la CAF une maison solide financièrement.

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Les efforts pour aider les championnats nationaux à se développer ont-ils été suffisants ?

C’est le principal reproche que l’on puisse adresser à Issa Hayatou. Il faut que la CAF dynamise les championnats locaux. Je me souviens de l’époque où des matches de championnats au Cameroun, au Sénégal ou au Ghana attiraient beaucoup de monde. Aujourd’hui, les championnats africains doivent faire face à de nombreux obstacles. Ils sont pillés par des agents loin d’être scrupuleux, et les plus jeunes partent vers l’Europe, alors qu’ils n’ont rien prouvé. Cela n’a pas toujours été comme ça : [George] Weah, [Roger] Milla, Abedi Pelé ou [Samuel] Eto’o étaient déjà reconnus chez eux avant de quitter leur pays. La formation des joueurs, et des entraîneurs, doit être développée.

Militez-vous pour que la CAF développe un vrai professionnalisme ?

Oui. Certes, l’Afrique du Sud et les pays d’Afrique du Nord ont mis en place des ligues professionnelles. Mais cela doit être généralisé sur tout le continent. Il faut une professionnalisation, avec de vrais contrats de travail, des dirigeants, des joueurs, des entraîneurs, des services médicaux. Un Africain préfèrera souvent rester chez lui et gagner 3 000 euros par mois plutôt que de galérer en Europe où, même avec un salaire de 10 000 euros, les choses peuvent s’avérer difficiles à long terme.

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Il est reproché à Hayatou une forme de gouvernance autoritaire…

Je ne sais pas comment il fonctionne. Mais il pourrait commencer à envisager de se retirer petit à petit, même si on lui prête l’intention d’être candidat en 2017. Souvent, les grands dirigeants sont abîmés par le jeu des courtisans. Je ne pense pas qu’Hayatou soit au courant de tout.

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