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Gbagbo-Affi N’Guessan : une opération réconciliation en cours au FPI

Si l’avenir judiciaire de Laurent Gbagbo est encore incertain, ses partisans au sein du Front populaire ivoirien ont amorcé un rapprochement avec ceux de Pascal Affi N’Guessan.

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Mis à jour le 2 mars 2020 à 15:50

Des partisans de Laurent Gbagbo, lors du meeting commun FPI-PDCI, le 14 septembre 2019 à Abidjan. © Anna Sylvestre-Treiner pour Jeune Afrique

Il devra encore patienter pour être fixé sur son sort. Le 6 février, la chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a tenu une audience sur les conditions de liberté conditionnelle imposées à Laurent Gbagbo depuis son acquittement, le 15 janvier 2019. Après avoir entendu toutes les parties, les juges ont indiqué qu’ils rendraient leur verdict à une date ultérieure, sans donner plus de précisions. En attendant, l’ancien président ivoirien continue donc de résider à Bruxelles, où il vit discrètement depuis qu’il a quitté sa cellule de la prison de Scheveningen.

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Le 8 février, il a revu, pour la troisième fois en un mois, Pascal Affi N’Guessan. Autour d’un déjeuner, les deux hommes ont de nouveau évoqué l’avenir du Front populaire ivoirien (FPI) et sa stratégie pour la présidentielle d’octobre. Une nouvelle occasion, aussi, d’aplanir leurs vieux différends. Depuis qu’ils ont discrètement renoué le contact au début de janvier après des années de brouille, Gbagbo et « Affi » sont en pleine opération réconciliation. Objectif : réunir leurs factions rivales et remettre le FPI en ordre de marche pour la campagne présidentielle.

Congrès unitaire

Décision a notamment été prise d’organiser prochainement un congrès unitaire pour confirmer Laurent Gbagbo au poste de président et Pascal Affi N’Guessan à celui de vice-président.

La répartition des rôles est donc claire : malgré son éloignement à Bruxelles, l’ex-chef de l’État reste le maître du jeu et garde le contrôle sur le parti. Il continue à distiller ses instructions à ses fidèles, au premier rang desquels Assoa Adou, le secrétaire général du FPI. Concernant la prochaine présidentielle, il répète régulièrement à ses interlocuteurs qu’il a l’intention d’y être candidat quel que soit son sort judiciaire.

De la décision de la CPI dépend pourtant l’avenir politique de Gbagbo. À Abidjan, ses partisans, les « GOR » (les « Gbagbo ou rien ») ont beau attendre son retour au pays et scander qu’il est leur seul et unique plan, l’ancien président ne pourra pas aller bien loin s’il n’est pas définitivement libéré des charges qui pèsent sur lui. Fatou Bensouda, la procureure de la CPI, a décidé de faire appel de son acquittement prononcé en première instance. Si cet appel est accepté, elle demandera un nouveau procès.

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De quoi relancer la procédure pour plusieurs mois et annihiler, de facto, toute candidature de Laurent Gbagbo à la prochaine présidentielle. Sans oublier la menace d’une nouvelle peine de prison qui l’attend en Côte d’Ivoire, dans le cas où il serait finalement autorisé à rentrer. En janvier 2018, il avait en effet été condamné par la justice ivoirienne à vingt ans de prison dans l’affaire du « casse de la BCEAO ».

Quoi qu’il en soit, l’avenir de Laurent Gbagbo, et donc celui du FPI, donne lieu à encore de nombreuses spéculations. Si l’ex-chef de l’État était empêché de repartir à la conquête du fauteuil qui fut le sien pendant plus de dix ans, reste à savoir comment réagiraient ses partisans à l’égard de celui qu’ils ont longtemps considéré – voire continuent de considérer – comme un traître : Pascal Affi N’Guessan.

En se rabibochant avec son aîné, l’ex-Premier ministre a négocié la place de numéro deux du parti. Et, dans toute équipe, quand le capitaine ne peut jouer, c’est généralement au vice-capitaine que revient le brassard…