Algérie : ces figures de la contestation que le « Hirak » a fait émerger

Déclenché il y a un an en Algérie, le Hirak s’interroge sur son avenir. Faut-il saisir la main tendue du pouvoir ou maintenir la pression ? Réponse de quelques-unes de ses figures emblématiques.

Des manifestants décrochant un portrait du président Bouteflika,le 22 février 2019, à Alger. © RYAD KRAMDI/AFP

Des manifestants décrochant un portrait du président Bouteflika,le 22 février 2019, à Alger. © RYAD KRAMDI/AFP

Publié le 19 février 2020 Lecture : 9 minutes.

Ni le jeûne du Ramadan, ni la chaleur, ni même le tournant répressif et les arrestations par centaines n’auront eu raison de la détermination du Hirak. À dire vrai, le plus optimiste des Algériens n’aurait pas misé un dinar sur une telle ténacité. Nous y voilà pourtant : la révolution populaire et pacifique qui a délogé le régime d’Abdelaziz Bouteflika en trente-neuf jours s’apprête à souffler sa première bougie.

Le chemin ne fut pas de tout repos. Après la démission de l’ancien raïs, le 2 avril 2019, les manifestants se sont retrouvés face à l’armée, détentrice du pouvoir réel. Laquelle a encouragé l’organisation rapide d’une présidentielle pour ravaler la façade civile du régime. Le premier rendez-vous électoral, le 4 juillet, a avorté faute de candidats. Le second s’est tenu dans un climat de contestation massive. Abdelmadjid Tebboune, que des slogans désignaient comme le candidat de l’armée, est devenu, le 12 décembre 2019, le président le plus mal élu de l’histoire de l’Algérie.

Quelle suite donner au Hirak ? La question divise. À l’instar du comédien Bachir Youcef Sehairi, nommé secrétaire d’État chargé de l’industrie cinématographique, certains manifestants appellent à saisir la main tendue du pouvoir. Mais le noyau dur – des dizaines de milliers de personnes encore – continue d’investir les rues, les mardis et vendredis, dans la plupart des villes, réaffirmant son objectif : construire une démocratie et un État de droit effectifs.

La libération d’une partie des détenus dits d’opinion, parmi lesquels des politiques et des figures de la société civile, a en tout cas permis de relancer la dynamique de structuration du Hirak. Une nouvelle réunion est prévue à la fin du mois pour faire converger les initiatives. En un an, le mouvement a mûri, et des figures ont émergé. JA est allé à leur rencontre.

• Amina Boumaraf – Étudiante en architecture

La même routine, chaque semaine : Amina Boumaraf assiste aux cours du mardi matin à l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme (Epau), puis décale ses TD de troisième année à l’après-midi pour se joindre aux rassemblements étudiants dans le centre d’Alger. Du haut de ses 19 ans, elle est l’une des figures de la contestation. Sa première fois ? Le 26 février 2019, dès la première marche des étudiants. Elle n’en a raté aucune depuis, « sauf une ou deux fois, quand [elle avait] des examens ».

Amira Boumaraf, étudiante en architecture. © Samir Sid pour JA

Amira Boumaraf, étudiante en architecture. © Samir Sid pour JA

Alger était bloquée les 11 et 12 décembre tant il y avait des manifestants qui contestaient ce scrutin

Née en 2000, un an après l’accession d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, Amina Boumaraf n’a « pas vraiment connu un président » : « Quand je suis devenue consciente politiquement, il y avait quelqu’un, dans une chaise roulante, qui ne parlait pas au peuple. » Elle a ressenti « une grande fierté » après la démission de l’ex-chef de l’État, mais « n’admet pas » qu’Abdelmadjid Tebboune soit à la tête du pays : « Des personnes ont voté, et c’est leur droit. Mais Alger était bloquée les 11 et 12 décembre tant il y avait des manifestants qui contestaient ce scrutin. Ça, ce n’est pas la démocratie. »

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