Le Palais de Lomé rouvre et ambitionne d’être le nouveau palace de la culture ouest-africaine

Après cinq ans de travaux de rénovation, l’ancienne résidence des gouverneurs, puis des hôtes de la présidence, s’est muée en un centre artistique ouvert à tous.

 © Louis Vincent / DR Palais de Lomé

© Louis Vincent / DR Palais de Lomé

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Publié le 13 février 2020 Lecture : 3 minutes.

Une route de Lomé, au Togo (photo d’illustration). © Jacques Torregano pour JA
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En ce 21 décembre 2019, assis sur les gazons du jardin ou jouant par petits groupes sous un soleil de plomb, rafraîchis par les courants d’air frais de la mer toute proche, une centaine d’écoliers ont rendez-vous avec l’histoire de leur pays. La maîtresse d’orchestre de la visite guidée du Palais de Lomé rénové n’est autre que sa directrice, Sonia Lawson.

Pour l’occasion, elle a mis les petits plats dans les grands. Une dizaine de médiateurs, formés à cet effet, servent de relais entre les œuvres et le public. « Ce n’est plus un endroit pour les présidents, c’est pour vous les enfants ! » lance Boma-Atta Dessokline, chargée de communication et médiatrice culturelle du Palais.

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Que cet ancien lieu de pouvoir, où fut proclamée l’indépendance du pays en 1960, soit désormais ouvert au public est un véritable symbole. Le lieu espère accueillir plus de 130 000 visiteurs par an.

Art contemporain

Lancée en 2014 sous l’impulsion de la présidence, la réhabilitation des lieux a coûté à l’État 2,4 milliards de francs CFA (plus de 3,6 millions d’euros). Ancien palais des gouverneurs allemands et français, puis siège de l’État togolais jusque dans les années 1970 avant d’être la résidence des hôtes de marque de la présidence, l’édifice accueillera donc des manifestations artistiques et culturelles dans ses nombreuses salles d’exposition ou de spectacle.

Quant au parc qui l’entoure, il reproduit les différentes zones climatiques et paysages naturels du pays, du littoral sablonneux à la savane herbeuse. Un écrin abritant pas moins de 41 espèces d’oiseaux endémiques.

La jeune Christiane Yansane, élève de troisième, admire les objets d’art qu’elle découvre pour la première fois. « Le fait d’utiliser un ancien palais des gouverneurs comme un lieu d’histoire et de souvenir pour bâtir le futur est une source d’inspiration », apprécie-t-elle. L’art contemporain s’invite dans la place avec Les Togolais, des sculptures en bronze réalisées par l’artiste Amouzou Glikpa, qui côtoient les marbres de Sadikou Oukpedjo.

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Renouveau artisanal

L’édifice rénové a conservé soigneusement les traces de l’ère allemande, avec notamment de grandes baies vitrées aux couleurs neutres offrant une large vue sur le parc. Et la charpente de l’époque a pu être reconstruite à l’identique grâce à l’utilisation d’images d’archives.

Pour l’exposition inaugurale, visible jusqu’en mars, les organisateurs ont choisi de rendre hommage à l’artiste-designer togolais Kossi Aguessy, disparu précocement. Aussi talentueux qu’avant-gardiste, il a repris les codes traditionnels des masques africains pour mieux les moderniser.

L’exposition « Trois frontières » présentera des créations du Togo, et du Ghana, du Bénin et du Nigeria, avec l’idée de faire valoir la continuité culturelle de l’Afrique de l’Ouest

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Une autre salle accueille une exposition sur l’histoire de la capitale à travers une installation revenant dans le détail sur sa création, son présent et son avenir. « Cette exposition montre la ville de demain, mais nous travaillons déjà autour d’autres thématiques, comme le lien entre Lomé et la mer », déclare Sonia Lawson.

La rénovation du palais et de son jardin a coûté à l'État plus de 3,6 millions d'euros © Jacques Torregano pour JA

La rénovation du palais et de son jardin a coûté à l'État plus de 3,6 millions d'euros © Jacques Torregano pour JA

Quant à l’exposition « Trois frontières », elle mettra l’accent sur l’aspect panafricain et l’unité africaine jusqu’en mai. « Elle présentera des créations du Togo, mais également du Ghana, du Bénin et du Nigeria, avec l’idée de faire valoir la continuité culturelle de l’Afrique de l’Ouest. » Avec l’exposition « Togo, des rois », visible jusqu’en mai 2020, « nous replongeons dans l’histoire du pays », reprend Sonia Lawson, qui annonce également « pour bientôt » l’inauguration d’un restaurant gastronomique pour valoriser le savoir-faire et les mets culinaires locaux.

La rénovation a été pensée par un groupement d’architectes (Segond Guyon-Archipat-Sara Consult-Frédéric Reynaud Paysagistes) et la maîtrise d’ouvrage confiée à une dizaine d’entreprises togolaises. La scénographie des premières expositions a été réalisée par le Béninois Franck Houndégla.

Selon la directrice, passée par L’Oréal et LVMH, « entre 70 et 100 personnes devraient être recrutées à terme » sur le site. Sa renaissance a d’ailleurs déjà provoqué un véritable renouveau artisanal, suscitant des vocations. Certains ouvriers sont ainsi devenus jardiniers, prenant soin du parc luxuriant, quand d’autres se sont transformés en artisans et travaillent le bois dans les ateliers de menuiserie du Palais.

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