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Cameroun : espionnage, troupes d’élite… quand Israël veille sur Paul Biya

Des technologies d’interception à la sécurité physique, le marché camerounais de la sûreté d’État est tout acquis aux Israéliens.

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Mis à jour le 31 janvier 2020 à 17:09

Paul Biya, le président camerounais. © Lintao Zhang/AP/SIPA

On pourrait le surnommer « Little Tel-Aviv ». Dans le quartier Bastos, à Yaoundé, les Israéliens sont presque chez eux. Les véhicules tout-­terrain aux vitres teintées abondent. Et les rumeurs sur la présence de conseillers et/ou d’espions de Paul Biya vont bon train. Abraham Avi Sivan, l’ancien conseiller en sécurité du président camerounais, décédé en 2010, y avait ses habitudes. Eran Moas, l’actuel sécurocrate du palais d’Etoudi, et son épouse, aussi. Sivan, Moas et leurs conjointes ont même fondé, au Cameroun, un refuge pour les primates !

Biya et Israël entretiennent en effet des relations proches et anciennes. Depuis la tentative de coup d’État qui, en 1984, manqua de le renverser, le président camerounais se méfie des services français. Il estime que son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo, était l’homme de Jacques Foccart et du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE).

La sécurité à l’israélienne à Yaoundé

Résolu à écarter les Français, il s’est alors tourné, suivant une suggestion des Américains, vers Israël. C’est ainsi qu’il a rencontré Sami Meyuhas, qui travaillait déjà au Zaïre au temps de Mobutu Sese Seko, en liaison avec Shabtaï Shavit, qui fut le patron du Mossad (le renseignement israélien) de 1989 à 1996.

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Avec Shavit (aujourd’hui patron d’Athena GS3, filiale de Mer Group) à Tel-Aviv, Meyuhas dans la sous-région, ainsi que Sivan et l’ancien général Mayer Heres à Yaoundé, les Israéliens vont peu à peu transformer la sécurité de Paul Biya.

Le palais présidentiel, à Yaoundé, équipé de technologies d'interception des communications © Colin Delfosse POUR JA

Le palais présidentiel, à Yaoundé, équipé de technologies d'interception des communications © Colin Delfosse POUR JA

D’une part, ils mettent en place un Bataillon d’intervention rapide (BIR), aujourd’hui dirigé par Heres. De l’autre, ils installent à Yaoundé nombre d’antennes et de technologies d’interception des communications téléphoniques et électroniques.

À Bastos, plusieurs immeubles en sont pourvus, de même, bien sûr, que le toit du palais présidentiel. Côté français, il a fallu se faire une raison. Aujourd’hui encore, le marché camerounais est jugé « inaccessible ».

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