Uhuru Kenyatta s’est probablement senti bien seul lors de l’investiture de Félix Tshisekedi. Unique chef d’État présent, le Kényan s’était démarqué de l’ensemble de ses pairs alors que, de manière tout à fait inédite, l’Union africaine (UA) contestait les circonstances de l’élection du nouveau président congolais.
Tshisekedi partait donc de loin. Mais c’est probablement sur la scène internationale qu’il a le mieux incarné la rupture avec son prédécesseur. Ce retour en grâce d’une RD Congo aux abonnés absents depuis 2016 a précisément débuté à l’UA, lors du sommet annuel de l’organisation qui s’est ouvert à Addis-Abeba dix jours après l’entrée en fonction de Félix Tshisekedi. Ont suivi Washington, Bruxelles puis Paris, où le dirigeant a systématiquement assuré la promotion d’un « Congo nouveau ».
Hyperactivité diplomatique
Pour justifier cette hyperactivité diplomatique, le nouvel élu a mis en avant le besoin d’attirer des investisseurs et de récolter des fonds pour se ménager une plus grande marge de manœuvre financière. Près de 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros) auraient été récoltés, selon les propos tenus à Paris par Félix Tshisekedi. « Nous étions dans une situation de quasi-isolement. Il était important de nous renforcer à l’extérieur pour être plus forts à l’intérieur », explique Nicolas Kazadi, ambassadeur itinérant du président.
À l’échelle régionale, c’est sur le chantier sécuritaire que Tshisekedi s’est montré le plus actif. Pour soutenir son ambition pacificatrice dans l’Est, il a multiplié les tournées avec l’ambition de faire collaborer les pays voisins dans un état-major intégré. Le projet n’aboutira finalement pas, miné par les rivalités entre Ougandais, Rwandais et Burundais.
On ne peut que se féliciter de l’efficacité avec laquelle la RD Congo agit contre des rébellions qui n’auraient jamais dû durer aussi longtemps
Cela n’a pas empêché Tshisekedi d’engager une vaste offensive militaire contre les Forces démocratiques alliées (ADF) ougandaises et contre les rebelles rwandais. À Kigali, dont Kinshasa s’est rapproché de manière spectaculaire, suscitant aussi la contestation compte tenu de l’histoire commune des deux pays, on se réjouit de cette nouvelle relation. « On ne peut que se féliciter de l’efficacité avec laquelle la RD Congo agit contre des rébellions qui n’auraient jamais dû durer aussi longtemps », confirme Olivier Nduhungirehe, secrétaire d’État au ministère rwandais des Affaires étrangères. Mais la société civile et une partie de la classe politique congolaise s’interrogent sur les contours, encore flous, de cette coopération.
En attendant, ce retour en grâce de la RD Congo dans la région devrait faciliter son adhésion à la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), qui doit être examinée dans les prochains mois.