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La notion de confiance renvoie à l’idée que l’on peut se fier à quelqu’un ou à quelque chose. Appliquée à la gouvernance d’un pays, elle se traduit par la foi dans les institutions et dans les hommes qui en sont les garants. La confiance est une valeur difficile à obtenir et très facile à perdre. Ses corollaires sont la prévisibilité, la fiabilité, l’assurance ; ses antonymes, le doute, la défiance…
Un pays qui doute perd confiance en lui et hypothèque son développement. Le Gabon a-t-il perdu la foi en ses hommes et en ses institutions ? Et, s’il perd confiance en lui-même, peut-il encore mériter celle de ses partenaires ? Si la réponse à ces questions n’est pas aisée, il faudrait être aveugle, en revanche, pour ne pas voir que le doute s’est insinué partout.
Une partie des Gabonais s’interrogent sur la capacité du président de la République, qui se relève d’un AVC, à remplir convenablement sa fonction. Et ce alors qu’il a recouvré de manière spectaculaire l’essentiel de ses moyens physiques. On doute aussi, à raison, de la loyauté de ses proches collaborateurs.
La chute de Brice Laccruche Alihanga
Les couloirs du palais bruissent encore de la chute de Brice Laccruche Alihanga, tombé de son piédestal, débarqué début novembre de la direction du cabinet président, pour se retrouver en prison après un intermède de quelques jours au gouvernement. Au minimum le président admet-il avoir été trahi par son éminence grise.
On doute, enfin, de la capacité des nouvelles générations à faire mieux que leurs aînés tout en reprochant à ces derniers de n’avoir pas pu (ou su) faire de ce pays producteur de pétrole, de bois et de manganèse une puissance économique équivalente à celle d’un émirat du Golfe.
Les espoirs déçus de « l’or jeune » sapent une confiance déjà écornée
En 2009, Ali Bongo Ondimba, quinqua mondialisé parlant anglais, est arrivé au pouvoir avec un discours aux accents ambitieux et optimistes. Un plan stratégique a été élaboré. Un lifting du personnel politique a fait monter aux affaires des dizaines de trentenaires et de quadragénaires sensibilisés aux défis de la transformation de l’économie et de l’émergence. On leur prêtait une approche plus respectueuse du bien public et de l’intérêt général. Voire.
Treize d’entre eux ont été récemment arrêtés pour des malversations financières présumées. Les espoirs déçus de « l’or jeune » sapent une confiance déjà écornée. Quant aux « vieux », la plupart d’entre eux estiment avoir été humiliés, car jetés sans égards ni reconnaissance pour leurs services rendus à la nation. Il n’est pas de confiance sans respect de l’autre.
Signaux positifs
Par ailleurs, il faut de toute urgence restaurer la crédibilité des scrutins, depuis l’inscription sur la liste électorale jusqu’à la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle. Les longs mois de contestation du processus électoral qui ont suivi la présidentielle de 2016 ont ébranlé l’édifice. Le dialogue d’Angondjé, de mars à mai 2017, a amorcé un début de solution, même si, faute de confiance, là encore, une partie de l’opposition a refusé d’y participer.
Il faut également envoyer des signaux positifs montrant que l’État achève les projets qu’il a commencés. Moins de chantiers abandonnés, moins de projets en friche, moins de vœux pieux. Plus de considération à l’égard du secteur privé, en particulier des PME, proches de l’asphyxie, auxquelles l’État doit montrer qu’il est un cocontractant fiable, et pas un mauvais payeur. Un pays en crise de confiance ne retrouvera pas l’optimisme qui mène au succès.