Gabriel Martinez-Gros : « L’islam politique d’aujourd’hui rompt avec la tradition sunnite »

Dans son dernier ouvrage, « L’Empire islamique », l’universitaire dissèque les cinq siècles qui ont suivi la mort du Prophète. Une analyse qui entre en résonance avec l’actualité la plus récente.

Gabriel Martinez-Gros à son domicile parisien, le 29 novembre. © Vincent Fournier/JA

Gabriel Martinez-Gros à son domicile parisien, le 29 novembre. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 17 décembre 2019 Lecture : 9 minutes.

Ibn Khaldoun ? Intéressant mais dépassé : c’est généralement l’implacable jugement porté sur l’historien tunisien du XIVe siècle. Ce n’est pas l’avis de Gabriel Martinez-Gros, qui, plus de sept cents ans après la mort de son confrère, insiste sur la portée de sa pensée à travers un ouvrage consacré aux premiers siècles de l’islam.

Né à Oran en 1950, ce professeur d’histoire médiévale du monde musulman à l’université de Paris-8, arabophone accompli, nous reçoit pour une passionnante et érudite relecture du premier âge de l’empire islamique, de la mort du Prophète au déclin de l’Empire abbasside, grâce aux outils légués par Ibn Khaldoun. Son credo ? La « fin de l’histoire » était une illusion.

« L’histoire n’est jamais terminée. Non parce qu’il reste toujours des documents à découvrir, mais parce que nous sommes lancés dans une aventure dont nous ne prévoyons pas le lendemain », explique-t-il. Entretien.

Jeune Afrique : « Le passé change parce que nous changeons », écrivez-vous. Est-ce ce qui justifie un nouveau livre sur les débuts de l’islam ?

Gabriel Martinez-Gros : Oui. Écrire aujourd’hui une histoire de cette période ne peut se faire comme il y a soixante ans. C’est toujours la perception que nous avons du monde d’aujourd’hui qui modèle le regard que nous portons sur le passé.

Or, depuis quelques dizaines d’années, quelque chose de fondamental est en train de se passer : l’extraordinaire progrès démographique, économique, médical, culturel que l’humanité a accompli dans les deux derniers siècles ralentit – et pas seulement en Europe. Nous pouvons donc recommencer à faire appel à l’expérience des siècles, et en particulier à celle d’Ibn Khaldoun.

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