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La genèse du mouvement Appel à agir, lancé le 28 février, n’est pas claire. Pour certains, tout est parti de l’échec de l’union de l’opposition aux législatives. Pour d’autres, ce sont « les prises de position court-termistes de certains leaders sur la vacance du pouvoir » qui ont fini par faire émerger le mouvement, dont le lancement était initialement prévu en décembre 2018.
« Les chefs des partis d’opposition se sont dit que, si une présidentielle anticipée se tenait, il valait mieux rester discrets et ne pas se faire trop d’ennemis, trop tôt », explique un membre du mouvement. « C’est nous qui avons, les premiers, demandé que la vacance soit déclarée, rappelle quant à lui Alexandre Barro-Chambrier. Ils nous ont ensuite emboîté le pas. »
Objet politique non identifié
Objet non identifié dans le paysage politique gabonais, Appel à agir divise au sein des partis d’opposition. « Le fonctionnement de certains d’entre eux est similaire à celui du PDG, ils ont une organisation verticale avec peu de concertation », fustige Anges Kevin Nzigou, membre du mouvement.
« Chez certains leaders de parti, l’accueil a été glacial », explique Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, à la fois cadre de l’Union nationale et d’Appel à agir. « On est conscients, aussi, que certains se servent de notre plateforme comme d’un tremplin pour leur carrière », reconnaît un autre membre d’Appel à agir. Si le flou semble toujours entourer l’état de santé du président, l’avenir du mouvement paraît tout aussi incertain.
Feuilleton judiciaire
Un tribunal de première instance avait jugé la demande d’examen médical irrecevable au motif que seule la Cour constitutionnelle saisie par le gouvernement ou les deux chambres du Parlement pouvaient constater l’empêchement du chef de l’État à gouverner. Mais la présidente de la première cour d’appel de Libreville, Paulette Ayo Mba Akolly, a déclenché un court feuilleton judiciaire en acceptant d’entendre l’appel des dix requérants.
Les avocats du président gabonais ont alors saisi la Cour de cassation, qui a demandé à la magistrate de se dessaisir. Ce qu’elle a refusé de faire. Le 19 août, cette dernière a été suspendue, et, le 2 septembre, les juges de la cour d’appel ont donc renvoyé ce dossier devant la Cour de cassation… Lequel se trouve désormais devant la Cour constitutionnelle. Et certains membres d’Appel à agir estiment que le mouvement doit déjà se renouveler. « Il faut qu’on puisse continuer à mobiliser les gens avec un autre discours. Sinon on risque de faire nous-mêmes comme Jean Ping. »