En Tunisie, dernières passes d’armes entre Youssef Chahed et Samir Majoul (Utica)

Encore chef du gouvernement, Youssef Chahed doit essuyer les critiques et attaques du patron des patrons, Samir Majoul, qui ne lui pardonne pas ses choix fiscaux et les impayés de l’État.

Le Premier ministre en fonction Youssef Chahed et le président de l’Utica, Samir Majoul, le 26 février 2018 © MOHAMED MESSARA/EPA/MAXPPP

Le Premier ministre en fonction Youssef Chahed et le président de l’Utica, Samir Majoul, le 26 février 2018 © MOHAMED MESSARA/EPA/MAXPPP

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Publié le 9 décembre 2019 Lecture : 1 minute.

Jusqu’au bout, les deux hommes se seront affrontés. Samir Majoul, le président de l’Utica, le syndicat patronal, a jugé, à la fin de novembre, que le dernier projet de loi de finances porté par le chef du gouvernement, Youssef Chahed – en attendant que Habib Jemli réussisse à former un gouvernement –, ne pouvait pas « relancer l’investissement », notamment à cause de l’absence d’une stratégie claire.

Une énième critique du patron des patrons – élu en janvier 2018 pour succéder à Wided Bouchamaoui – contre le chef du gouvernement. Samir Majoul a critiqué entre autres la forte TVA sur les équipements importés, qui freine, selon lui, le développement des sociétés tunisiennes.

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Or ces taxations ont été depuis 2016 la marque de fabrique des différents gouvernements de Youssef Chahed afin de juguler la fuite des devises. Le spécialiste des conserves de fruits et légumes a aussi exigé que l’État paie au plus vite les prestataires privés, notamment dans le secteur du BTP. Là encore, l’attaque n’est pas anodine.

Un « incapable » pour Samir Majoul

Samir Majoul aime à clamer régulièrement que Youssef Chahed s’est montré « incapable », car « faible », de gérer les dossiers urgents, dont ceux des entreprises en quasi-faillite à cause des impayés de l’État. Le dirigeant de l’Utica propose d’ailleurs qu’à partir de maintenant le gouvernement soit astreint à une « obligation de résultat », mettant ainsi en relief les échecs de Youssef Chahed.

Ce dernier n’a pas directement réagi à ces critiques, mais, à la Kasbah (siège de la primature), on s’exaspère des saillies très libérales de Samir Majoul, jugées totalement incompatibles avec la situation réelle du pays.

Samir Majoul et Youssef Chahed se sont rencontrés pour la dernière fois le 21 novembre. Sur la photo officielle, leurs regards qui ne se croisent même pas en disent long sur l’état de leur (non-)relation.

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