Tunisie-France : le désamour

Asile des opposants au temps de la dictature, l’ex-puissance coloniale reste un partenaire stratégique mais a cessé de faire rêver. Pour des raisons pas toujours rationnelles.

Seifeddine Makhlouf, leader de la coalition El Karama (image d’illustration). © YouTube/Tunisie Numérique

Seifeddine Makhlouf, leader de la coalition El Karama (image d’illustration). © YouTube/Tunisie Numérique

Publié le 5 décembre 2019 Lecture : 5 minutes.

Manifestation antifrançaise organiséeà Bamako, le 5avril, par le Haut Conseil islamique du Mali de l’imam Dicko. Depuis, le même type de protestations s’est répété régulièrement. © MICHELE CATTANI/AFP
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En dépit du sacrifice de ses soldats et des milliards engloutis dans la lutte contre le terrorisme islamiste, le pays d’Emmanuel Macron est de plus en plus critiqué par une partie de l’opinion. À qui la faute ?

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« L’État français a colonisé la Tunisie pendant quatre-vingts ans et a pillé ses richesses pendant soixante-dix ans sans s’excuser », a tempêté durant toute sa campagne électorale le populiste député de la coalition El Karama, Seifeddine Makhlouf. Il exige des excuses et l’abolition des visas. Pas moins. Ses arguments portent ; il ravive un sentiment antifrançais exprimé lors de la révolution de 2011 ; certains avaient alors hurlé « dégage » devant l’ambassade de France.

À l’époque, on avait attribué ces errements aux réticences françaises face au soulèvement tunisien. « Comment croire que les Français n’aient rien vu venir ? Les manifestations se déroulaient sous les fenêtres de leur ambassade », se souvient un protestataire encore choqué que Michèle Alliot-Marie, alors ministre des Affaires étrangères, ait proposé de « mettre à disposition des autorités tunisiennes le savoir-faire [des] forces de sécurité [de la France] ». Ces souvenirs tenaces font le lit d’une rancœur mais disent aussi la complexité du rapport d’attraction et d’aversion entre les Tunisiens et la France.

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