Italie – Afrique : ces créateurs de liens entre la péninsule et le continent

Patrons de multinationales, entrepreneurs ou hauts fonctionnaires, ils œuvrent au développement des échanges économiques entre la péninsule et le continent.

Claudio Descalzi, Cleophas Adrien Dioma, Matteo Pasqualotto et Laura Colnaghi : chacun à sa manière dresse un pont entre l’Afrique et l’Italie © JA

Claudio Descalzi, Cleophas Adrien Dioma, Matteo Pasqualotto et Laura Colnaghi : chacun à sa manière dresse un pont entre l’Afrique et l’Italie © JA

Publié le 21 novembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Le Premier ministre italien Giuseppe Conte, le 4 décembre 2018. © Maurizio Brambatti/AP/SIPA
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Italie : Forza Africa !

Nouveaux marchés, maintien de la paix, question migratoire… Ces dernières années, Rome a intensifié ses relations diplomatiques et ses échanges économiques avec le continent.

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Claudio Descalzi est un homme influent, voire tout-puissant. Depuis 2014, ce Milanais marié à une Congolaise est à la tête du géant des hydrocarbures Eni, qui fait la pluie et le beau temps des affaires italiennes en Afrique.

Cet homme du sérail rejoint l’entreprise dès 1981 en tant qu’ingénieur pétrolier avant d’y occuper par la suite de nombreuses responsabilités, notamment en Afrique. En 1994, il est nommé directeur général de la filiale congolaise du groupe et, en 1998, il devient vice-président et directeur général de Naoc, sa filiale nigériane. Entre 2002 et 2005, il occupe les fonctions de vice-président exécutif pour l’Italie, l’Afrique et le Moyen-Orient, ainsi que celle de membre du conseil d’administration de plusieurs filiales dans la région.

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Aujourd’hui, en dépit de quelques tracas judiciaires, il s’emploie à renforcer le positionnement d’Eni au-delà des seules énergies fossiles. « La diversification dans les énergies renouvelables et dans l’économie circulaire est fondamentale », a-t-il dernièrement déclaré dans la presse italienne, soulignant qu’Eni était déjà engagé dans cette voie. Y compris en Afrique.

  • Cleophas Adrien Dioma : président exécutif de l’Italia-Africa Business Week (IABW)
Cleophas Adrien Dioma, président exécutif de l'Italie-Africa Business Week (IABW) © DR

Cleophas Adrien Dioma, président exécutif de l'Italie-Africa Business Week (IABW) © DR

C’est un acteur clé de cette nouvelle relation italo-­africaine qui se tisse. Burkinabè d’origine, Cleophas Adrien Dioma est chargé de réfléchir aux projets qui allient secteur privé et diaspora au sein du Conseil national pour la coopération et le développement du ministère italien des Affaires étrangères. Il organise également le forum de l’Italia-Africa Business Week, dont la troisième édition se tient les 26 et 27 novembre, à Milan.

« On parlait peu de la vision économique de l’Afrique, alors nous avons proposé de créer cet événement, raconte-t-il. L’Italie ne peut plus se contenter d’affronter la question migratoire au travers de la propagande ou en finançant la Libye. Elle doit réfléchir à l’amélioration de la vie des citoyens et à la création d’emplois sur le continent. »

Cleophas Adrien Dioma sait de quoi il parle. Arrivé en Italie en 1998, il a d’abord travaillé dans des plantations de mandariniers en Calabre, effectué divers petits boulots à Naples, avant d’obtenir son permis de séjour. Selon lui, « la diaspora a aujourd’hui un vrai rôle à jouer, aussi bien dans l’accueil que dans celui de construire des ponts entre l’Europe et l’Afrique ».

  • Matteo Pasqualotto : directeur général de Safas
Matteo Pasqualotto, directeur de Safas © DR

Matteo Pasqualotto, directeur de Safas © DR

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Matteo Pasqualotto est un patron heureux. La fonderie Safas, qu’il dirige, a remporté en septembre l’Italian Business Oscar 2019 de la meilleure grande entreprise, décerné par la Chambre tuniso-italienne du commerce et de l’industrie (CTICI). Avec son père, fondateur du groupe Safas, à Vicence (Italie), ce quinquagénaire avait repris en 2005, pour un investissement de 7 millions d’euros, la Sofomeca, filiale de la Société nationale des chemins de fers tunisiens (SNCFT).

Près de quinze ans plus tard, l’entreprise spécialisée dans les pièces moulées en acier coulé, y compris de très grand format, est un fleuron du savoir-faire italien en Tunisie, avec une production destinée à 80 % à l’export vers l’Europe, l’Algérie et la Libye, et un chiffre d’affaires annuel de plus de 15 millions d’euros.

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Avec un effectif de 170 personnes, la Safas a su gérer la crise sociale provoquée par la révolution de 2011 en consolidant sa culture d’entreprise et l’esprit de groupe. La relation de confiance que Matteo Pasqualotto tisse avec les autorités et les syndicats est emblématique de l’actuelle bonne santé des relations tuniso-italiennes. Depuis 2018, la péninsule est devenue le premier partenaire commercial de la Tunisie.

  • Laura Colnaghi : présidente de Carvico
Laura Colnaghi, présidente de Carvico © Carvico

Laura Colnaghi, présidente de Carvico © Carvico

Elle incarne une nouvelle génération d’entrepreneuses. Celle qui promeut le made in Italy en Afrique. Laura Colnaghi dirige Carvico, l’entreprise fondée par feu son mari. Fondé en 1962, ce groupe textile est aujourd’hui considéré comme le leader mondial de la fabrication de tissus high-tech, utilisés aussi bien dans la fabrication de maillots de bain que de vêtements de sport et d’extérieur.

Présente en Italie et au Vietnam, Carvico s’est implantée en 2017 en Éthiopie, dans la ville de Kombolcha. Malgré les retards pris dans la finalisation de son plan d’investissement, la société a embauché près de quarante personnes. « La principale motivation qui nous a poussé à investir dans ce pays reste le coût très bon marché de l’énergie, souligne-t-elle. Même si, pour l’heure, c’est aussi l’un de nos principaux problèmes. » L’investissement dans sa totalité devrait être achevé « d’ici à deux ou trois ans », espère-t-elle.

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