Un partisan de Martin Fayulu, lors d’une manifestation devant le siège de la Cour constitutionnelle, le 12 janvier 2019. © REUTERS/Baz Ratner

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Politique

RDC : challenges diplomatiques et sécuritaires

Organiser la riposte contre Ebola et la démobilisation des groupes armés dans l’Est, apaiser les tensions entre les pays voisins… Mission délicate, pas impossible.

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Mis à jour le 24 septembre 2019 à 20:28

Félix Tshisekedi, João Lourenço, Paul Kagame et Yoweri Museveni au sommet de Luanda, le 12 juillet. © Village Urugwiro

Environ 130 groupes armés, une épidémie d’Ebola – la dixième dans l’histoire de la RD Congo – dont le bilan dépasse les 2 000 morts, et un contexte diplomatique extrêmement tendu entre les pays voisins, en particulier entre le Rwanda et l’Ouganda. Sur le papier, l’entreprise de pacification de l’Est a tout d’une « mission impossible ».

Le 21 août, Félix Tshisekedi et son homologue angolais, João Lourenço, ont pourtant réussi à réunir autour d’une même table le Rwandais Paul Kagame et l’Ougandais Yoweri Museveni pour signer un mémorandum d’entente dans lequel les deux chefs d’État se sont engagés à résoudre le différend qui les oppose depuis des mois.

Une première étape dans le processus d’apaisement des rapports entre les deux hommes, qui restent à couteaux tirés, mais aussi un succès pour le nouvel exécutif congolais, avec lequel Kigali et Kampala aspirent à entretenir de bonnes relations. Dans l’est de la RD Congo, les enjeux sont de taille. Depuis vingt ans, les groupes armés s’y comptent par dizaines, certains sont purement locaux, d’autres soutenus par les voisins. « La crise ne se résoudra pas sans un mot d’ordre des parrains », résume un conseiller de Félix Tshisekedi.

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En haut de la pile des dossiers prioritaires, ce chantier de très longue haleine côtoie un autre sujet urgent, également lié aux problématiques sécuritaires : l’épidémie d’Ebola qui touche l’Ituri, le Nord-Kivu, et le Sud-Kivu, provinces frontalières de l’Ouganda, du Rwanda, et du Burundi. « L’impact du climat sécuritaire a été négligé dans l’approche de cette épidémie, estime David Gressly, nommé coordonnateur des interventions d’urgence de l’ONU contre Ebola en RD Congo. Depuis le début, nous courrons après le virus, car il a fallu s’adapter au contexte local. Il y a une réticence à parler avec certains groupes armés. Or, si ce sont des interlocuteurs imprévisibles, ils sont pour l’instant incontournables dans la riposte. »

Crainte d’un retour au maquis

Félix Tshisekedi a-t-il les moyens de ses ambitions concernant ceux-ci ? La reddition, ces derniers mois, de plusieurs éléments de ces groupes laisse penser que la transition de janvier peut ouvrir la porte à une amélioration.

On a vu par le passé le problème que pouvait poser une réintégration dans l’armée

Mais cette démobilisation impose de nouvelles contraintes aux autorités. En effet, le programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), saturé depuis plusieurs années, n’accepte pas de nouveau candidat et, en l’absence d’un dispositif fonctionnel et de propositions concrètes de réinsertion, la crainte d’un retour dans le maquis de certains éléments est bien réelle. « On a vu par le passé le problème que pouvait poser une réintégration dans l’armée, estime Florence Marchal, porte-parole de la mission de l’ONU pour la stabilisation en RD Congo (Monusco). Nous soutiendrons seulement la réinsertion dans la société civile, vers laquelle le président souhaite d’ailleurs s’orienter. Cela doit faire partie de la nouvelle stratégie. »

Pour soutenir ses efforts, le chef de l’État peut toujours compter sur la Monusco. Il n’est pas sur la même longueur d’onde que son prédécesseur qui, lui, souhaitait le départ de cette force d’ici à 2020. Cette dernière, qui continue de subir des pertes budgétaires, fait l’objet d’une revue stratégique en vue d’un réajustement.