Politique
Interview d’Idriss Déby Itno, président de la République tchadienne, par François Soudan (Jeune Afrique), le 5 juillet 2012, à N’djamena (Tchad). © Vincent Fournier/JA © Vincent Fournier/JA

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Tchad : les lignes de front d’Idriss Déby Itno

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Culture

Tchad – Madeleine Alingué : « La culture est un facteur de cohésion »

Madeleine Alingué a récemment été nommée ministre du Développement touristique, de la Culture et de l’Artisanat. Elle répond aux questions de Jeune Afrique.

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Mis à jour le 20 septembre 2019 à 09:30

Madeleine Alingué (Tchad), Madeleine Alingué Ministre du Développement touristique, de la Culture et de l’Artisanat et Porte-parole du gouvernement, à N’Djamena, le 11.11.2016. © ABDOULAYE-BARRY pour JA

Nommée secrétaire d’État aux Affaires étrangères en 2014, Madeleine Alingué a été la première femme de l’histoire du pays à se voir confier, au plus fort de la crise financière, en 2016, le poste de ministre de la Communication et de porte-parole du gouvernement. Fonctions que la dynamique quinqua a assurées jusqu’à sa nomination, en juin dernier, au portefeuille de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat.

Jeune Afrique : Quelle place est aujourd’hui accordée à la culture ? 

Madeleine Alingué : Le Tchad est au cœur de l’Afrique. Il possède un patrimoine exceptionnel, avec énormément d’influences et d’histoire, comme le montre notamment le site archéologique de Toumaï, qui fait du Tchad le berceau de l’humanité. Reste à en montrer la valeur.

Et dans un contexte sécuritaire compliqué, la culture devient une clé de l’unité patriotique. C’est un facteur identitaire et de cohésion. Nous voulons une culture au service de la paix, que chacun s’approprie et exprime. Je pense par exemple aux nombreuses créations de la jeunesse, en particulier dans le genre poético­musical du slam, qui connaît un immense succès ici. Nous misons aussi beaucoup sur les festivals.

Nous sommes culturellement proches des pays voisins

Par exemple ? 

À la fin de mars, nous avons organisé la 5e édition du Festival international des cultures sahariennes à Amdjarass (province de l’Ennedi), qui montre combien nous sommes culturellement proches des pays voisins – Cameroun, Niger, Mali, etc. Nous avons reçu 7 000 festivaliers et, grâce à l’appui des forces de sécurité, nous avons prouvé que nous pouvions organiser un tel événement en étant maître de notre territoire.

En décembre 2018, nous avions organisé Dary (« mon pays », en arabe), un festival qui a permis de présenter les arts et cultures des 23 provinces du Tchad, place de la Nation à N’Djamena. Ça a été un immense succès. Nous avons accueilli 200 000 visiteurs en dix jours. Il faut que l’on offre à la population plus d’espaces culturels et de loisirs. C’est pourquoi nous travaillons à la réhabilitation de centres, comme la Maison de la culture Baba-Moustapha.

L’artisanat est le premier employeur au Tchad

Comment faire du « développement touristique » dans le contexte sécuritaire actuel ?

Mon ministère a été restructuré pour regrouper la culture (qui nous sommes), le tourisme (ce que l’on peut montrer) et l’artisanat (ce que nous pouvons produire). Avec plus de 157 métiers, l’artisanat est le premier employeur au Tchad. C’est une chance énorme, que nous essayons de mieux encadrer pour sortir de l’informel.

Quant au tourisme, ce segment d’affaires est en pleine croissance à N’Djamena, qui reçoit beaucoup d’entrepreneurs, de financiers ou encore d’humanitaires. Et le tourisme d’aventure reste également important, sans doute parce que nous avons l’un des plus beaux déserts du monde. Grâce au dispositif sécuritaire, des treks y sont organisés, par exemple au parc national de Zakouma ou vers les lacs d’Ounianga.

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En 2018, le pays a enregistré plus de 130 000 touristes d’aventure. Nous faisons également des efforts pour développer le tourisme national, afin que nos compatriotes puissent aussi découvrir le pays, notamment grâce à la nouvelle compagnie Tchadia Airlines. Cela ne peut que renforcer la cohésion nationale.