
Près de Mindouli, au pied des collines marquantla frontière avec la RD Congo. © Marjorie Cessac pour JA
Après les affrontements qui avaient à nouveau plongé le département dans le chaos, l’heure est à l’apaisement. Encore faut-il qu’il soit durable…
Depuis l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités signé le 23 décembre 2017 à Kinkala entre le gouvernement et Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntumi, les armes se sont tues dans le Pool. En avril 2016, au lendemain de la présidentielle, l’armée avait lancé dans le département une vaste opération contre le pasteur et ses miliciens, soupçonnés d’avoir voulu attaquer Brazza.
Pendant près de deux ans, les affrontements entre les combattants ninjas-nsiloulous et les forces régulières ont, une fois de plus, plongé le Pool dans le cauchemar : plus d’un tiers de ses habitants ont été déplacés, la majeure partie d’entre eux étaient en situation d’insécurité alimentaire, et la superficie cultivée s’est réduite de 40 % de 2016 à 2017…
« Réintégration »
Aujourd’hui, les gens ont repris le chemin des champs. La route entre Brazza et Pointe-Noire est rouverte. Désormais, tout le monde attend avec impatience le démarrage du volet « réintégration » du Programme de désarmement, démobilisation et réintégration (PDDR), qui doit bénéficier non seulement aux 7 500 ex-combattants ninjas, mais aussi aux populations. Le 31 août 2018, les Nations unies se sont engagées à financer ce PDDR à hauteur de 8,3 milliards de F CFA (plus de 12,6 millions d’euros), mais, un an plus tard, les fonds ne sont toujours pas arrivés et l’opération n’a pas commencé.
Des plateformes de concertation intercommunautaire organisées pour identifier l’origine des crises récurrentes ont abouti au même constat, dénonçant le désœuvrement des jeunes par manque d’emplois
Désœuvrement des jeunes
En parallèle, des plateformes de concertation intercommunautaire ont été organisées dès décembre 2018 et pendant trois mois dans les treize districts du Pool pour identifier l’origine des crises récurrentes qui minent le département. Toutes ont abouti au même constat, dénonçant le désœuvrement des jeunes par manque d’emplois.

Le Révérend Pasteur Ntumi (Congo - Brazzaville), de son vrai nom Frédéric Bitsamou, dans le Pool en 2008 (archives). © V. Fournier/Ja
Le 2 août dernier, avec le Haut-Commissariat à la réinsertion des ex-combattants et le Pnud, le gouvernement a donc engagé des chantiers et créé des activités génératrices de moyens de subsistance, voire de travail, pour permettre aux populations démunies, parmi lesquelles des ex-combattants, de toucher quelques subsides en attendant le démarrage du PDDR : entretien de routes et de pistes rurales, développement de petits projets piscicoles et agricoles, etc.
« Il faut aller vite dans le dossier de la réinsertion. Car avec le désœuvrement total, le désarroi s’installe », rappelle un proche conseiller du pasteur Ntumi, selon lequel la situation est loin d’être dénouée. Cela fait plus de trois mois qu’il n’y a pas eu de contact formel entre le gouvernement et la Commission ad hoc mixte paritaire (Camp), issue de l’accord de paix de décembre 2017 et chargée, entre autres, de la question du statut du pasteur.
De quoi cultiver l’amertume des fidèles de Frédéric Bintsamou, dont certains déplorent par ailleurs que les armes ramassées lors de l’opération de désarmement conduite par la Camp n’aient pas été détruites, mais stockées dans les entrepôts du ministère de l’Intérieur.
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