• Fibre sociale
Docteur en droit social, deux fois ministre des Affaires sociales, son nom est associé à plusieurs réformes et améliorations des droits des travailleurs. On prête d’ailleurs à ce « libéral à fibre sociale » de bons contacts avec les syndicats.
• Ancien régime
Ministre sous Bourguiba puis président du Conseil économique et social (CES) et directeur de la mission permanente de la Tunisie auprès des Nations unies à Genève sous Ben Ali, ce destourien est perçu par ses opposants comme une figure de « l’ancien système ». Des rumeurs ont prêté à Ennahdha la volonté de l’écarter de la présidence de l’Assemblée. C’est un homme d’État plus qu’un politicien, rétorquent ses alliés.
• À l’écoute
Ses interlocuteurs soulignent en chœur son sens de l’écoute. Patient et réfléchi, il prend son temps pour peser ses décisions. Rassembleur, il aurait des facilités à travailler en équipe.
• Consensus
Le consensus est devenu un élément de langage en Tunisie, et Mohamed Ennaceur semble l’incarner. À l’ARP, il aurait évité de voter certains textes polémiques et n’aurait pas hésité à retarder certains débats pour obtenir des accords entre partis. C’est d’ailleurs lui qui arbitrait la commission de consensus, groupement informel des chefs de bloc.

Le président de l'Assemblée tunisienne, Mohamed Ennaceur, prêtant serment sur le Coran pour devenir président de la République par intérim, jeudi 25 juillet 2019, après le décès du chef de l'État Béji Caïd Essebsi. © Lassad Manai/AP/SIPA
• Principal échec
S’il a su gérer l’administration de l’Assemblée et les séances plénières les plus houleuses grâce à son sang-froid, il n’a pas été en mesure d’empêcher tous les débordements. Son système de sanction des absences répétées des députés n’a pas non plus permis d’accélérer leurs votes. Principal échec : sous sa présidence, l’ARP n’a pas réussi à nommer les membres de la Cour constitutionnelle.
• Mélomane
En déplacement, il parle musique. En campagne, il écoute du classique en voiture. Il arrivait même qu’on l’entende chantonner dans son bureau de l’ARP. Ce passionné a créé en 1985 le Festival international de musique symphonique dans l’amphithéâtre romain de sa ville natale d’El Jem, sur la côte est.
• Proche de BCE
Ce compagnon de route de feu Béji Caïd Essebsi, qui fut deux fois ministre à ses côtés (dans les années 1980 et en 2011), approuvait la ligne de l’ex-président et avait son oreille. En 2014, en pleine crise politique, BCE l’avait d’ailleurs proposé comme chef du nouveau gouvernement de technocrates, sans succès.
• Nidaa
Brièvement vice-président de Nidaa Tounes en 2014, il n’y joue plus aucun rôle. Il aurait tout fait pour rester neutre face aux divisions du parti. Plusieurs de ses membres lui reprochent d’ailleurs de ne pas avoir pris davantage d’initiatives pour éviter les départs en série de députés nidaistes.
• Nageur
Certains s’inquiètent pour sa santé après un malaise en juin dernier. Mais les habitudes de cet octogénaire rassurent. Habitant de Carthage, il se lèverait tôt pour nager. Une routine qu’il a conservée durant sa campagne électorale dans son fief de Mahdia. Des députés racontent aussi qu’il déambule régulièrement dans la cour intérieure de l’Assemblée.
• Discrétion
Très discret sur sa vie personnelle, il est marié depuis soixante ans à Siren, une Norvégienne rencontrée durant ses études de droit à Paris. Elle l’a très tôt suivi en Tunisie, où ils ont fondé une famille. Sérieux mais pas taciturne, il serait de bonne compagnie. Très éduqué, ce gentleman se montre courtois et particulièrement respectueux de ses collègues femmes.