
© DOM
La Chine nourrit de grandes ambitions dans les secteurs de la nouvelle économie, et c’est bien ce qui semble inquiéter les États-Unis.
« Depuis quelque temps, des puissances extérieures tentent de diffamer et de saper la coopération sino-africaine, en propageant des accusations de néocolonialisme et de réendettement [des pays en développement] sans aucun fondement et rejetées par les populations africaines. » Le 25 juin à Pékin, devant 54 ministres africains, Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a haussé le ton.
Une première pour un officiel de ce rang, Pékin préférant traditionnellement garder le silence plutôt qu’alimenter une polémique véhiculée le plus souvent par les médias anglo-saxons. D’autant plus quand celle-ci est reprise à bon compte par certains responsables politiques occidentaux désireux de brouiller un peu plus l’image de la Chine dans le monde, et plus particulièrement en Afrique.
Depuis qu’elle a rattrapé son retard technologique, la Chine n’a plus vocation à rester « l’atelier du monde »
« L’Occident accepte difficilement de voir Pékin débarquer dans la cour des grandes puissances qui influent sur la mondialisation en marche », résume un cadre de l’OCDE. Surtout que la Chine vise plus haut. Depuis qu’elle a rattrapé son retard technologique, elle n’a plus vocation à rester « l’atelier du monde ».
« Le pays nourrit de grandes ambitions dans les secteurs de la nouvelle économie, de l’analyse des données numériques à l’intelligence artificielle en passant par les technosciences », poursuit notre expert international.
Le PIB chinois devrait dépasser celui des États-Unis d’ici à 2030
Et c’est bien ce qui semble inquiéter les États-Unis, « dont la récente offensive commerciale lancée contre la Chine a essentiellement pour but de leur permettre de conserver toutes les prérogatives en matière de standards internationaux économiques, technologiques et sécuritaires », estime Cheng Tao, ancien diplomate et membre du Charhar Institute, l’un des think tanks les plus influents en matière de politique extérieure chinoise.
Le « dieu dollar » a certes encore de beaux jours devant lui. Mais la hausse du PIB chinois, qui doit dépasser celui des États-Unis d’ici à 2030, et le resserrement des liens financiers avec les pays membres de la Belt and Road Initiative (BRI), à mesure que les différentes routes de la soie verront le jour, promettent de bouleverser certains équilibres monétaires à plus ou moins long terme.
Une chose est sûre, selon Cheng Tao : « La Chine continuera de se développer dans l’intérêt de tous, à commencer par celui des économies occidentales de plus en plus imbriquées avec celle de la Chine ». Et toutes les offensives idéologiques n’y pourront rien changer.
Lire les autres articles du dossier
«Chine-Afrique : un modèle gagnant gagnant ?»
- Chine-Afrique : quelle stratégie derrière les nouvelles routes de la soie ?
- [Infographie] Chine-Afrique : les nouvelles routes de la soie, un projet pharaonique
- Chine-Afrique : ces décennies qui ont renforcé leurs relations diplomatiques
- Chine-Afrique, un tandem gagnant pour le développement
- Chine-Afrique : ce que les PME chinoises viennent chercher en Afrique
- Investissements chinois en Afrique : « Les risques existent, mais le potentiel est énorme »
- Chine-Afrique : StarTimes, leader de la télévision numérique en Afrique subsaharienne
- [Tribune] Chine-Afrique : une générosité bien ordonnée…
- Chine-Afrique - Eric Wang : « La réputation de nos entreprises est fondamentale dans la compétition actuelle »
- Chine-Afrique : le « soft power » en ombre chinoise
- Tourisme : la destination Afrique séduit de plus en plus les Chinois
- Chine-Afrique : « Les nouvelles routes de la soie sont devenues le projet le plus fédérateur à l'échelle mondiale »