
Le roi Mohammed VI et Abdelaziz Bouteflika à Alger le 21 mars 2005, en marge du 17e sommet de la Ligue arabe. © Zohra Bensemra/REUTERS
« Centré sur la satisfaction des besoins des citoyens » et sur la réduction des inégalités, un projet de nouveau modèle de développement est à l’étude pour le Maroc. Quels sont les principaux domaines concernés ? Concernant le Sahara, le plan d’autonomie présenté par le royaume a marqué des points au sein de l’UA, ainsi que sur la scène internationale. Et Rabat tend désormais la main à son voisin.
Avec Mohammed VI, la diplomatie chérifienne est devenue intraitable sur la question du Sahara. Que ce soit avec les Américains, avec les Européens ou avec les instances internationales, le royaume ne se laisse plus faire quand il s’agit de son intégrité territoriale.
Tentative d’introduire le monitoring des droits de l’homme dans le mandat de la Minurso, jugement de la Cour de justice européenne pour écarter les provinces du Sud des accords agricoles avec l’Union européenne (UE), projet de loi reconnaissant la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Suède, rencontre entre l’ancien secrétaire général de l’ONU et les dirigeants du Polisario dans la zone tampon… Face à toutes les crises, la diplomatie marocaine a réagi avec fermeté pour faire valoir la souveraineté du royaume sur les provinces du Sud.
Grâce à cette ligne diplomatique, complètement à l’opposé de la politique de la chaise vide que le pays avait adoptée jusqu’alors, le Maroc a marqué des points auprès de la communauté internationale. Son retour au sein de l’Union africaine (UA) lui a par ailleurs permis de contrer plusieurs manœuvres du Polisario et de ses soutiens au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Les rapports de cette instance, autrefois hostiles au Maroc, ne font désormais plus référence au conflit du Sahara, si ce n’est pour s’aligner sur les positions de la communauté internationale.
Bonne volonté affichée
La diplomatie marocaine fait également preuve de plus d’efficacité au sein des instances onusiennes. Les dernières résolutions du Conseil de sécurité sont jugées plus favorables par Rabat. Son plan d’autonomie, présenté en 2007, est considéré comme une base « sérieuse et crédible » pour trouver « une solution politique mutuellement acceptable ».
La diplomatie marocaine a toujours considéré le pays voisin comme partie prenante de ce dossier. Rabat lui a régulièrement tendu la main
La bonne volonté affichée par le Maroc dans les négociations est également saluée par la communauté internationale, qui semble avoir pris conscience que la résolution de ce conflit vieux de plus de quarante ans passe par des négociations directes avec l’Algérie. Pour preuve : les tables rondes de Genève engagées par Horst Köhler (envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental avant sa démission, en mai dernier) ont réuni, en plus du Maroc et du Polisario, la Mauritanie et l’Algérie.
Ce précédent conforte la diplomatie marocaine, laquelle a toujours considéré le pays voisin comme partie prenante de ce dossier. Rabat lui a régulièrement tendu la main pour tenter de dépasser les désaccords historiques qui continuent d’entraver toute une dynamique régionale
Par exemple, la visite de Mohammed VI à Alger, en 2005, avait suscité l’espoir d’une réouverture des frontières terrestres entre les deux pays, toujours barricadées. Et, dans un récent discours, le souverain a invité son voisin à la création d’un mécanisme politique de dialogue et de concertation. Une proposition qui sera peut-être entendue par le futur exécutif d’une Algérie qui traverse actuellement une délicate phase de transition.
Le Sud change de visage
Lancé par le roi à l’occasion du 40e anniversaire de la Marche verte, en novembre 2015, le nouveau plan de développement des provinces du Sud (2015-2021) est en train de changer le visage du Sahara marocain. Ce programme d’investissement de plus de 81 milliards de dirhams (7,4 milliards d’euros) couvre tous les secteurs socio-économiques pour améliorer le PIB régional et prévoit la création à terme de 120 000 emplois.
Avec un taux d’avancement des chantiers estimé à près de 70 % à la fin de 2018, le plan a déjà eu un effet d’entraînement sur le secteur privé national et auprès des investisseurs étrangers, qui suivent désormais de près les opportunités d’affaires au Sahara.
Ses effets commencent aussi à être ressentis par la population, selon les représentants locaux des Nations unies. À travers ce nouveau modèle, les autorités marocaines semblent avoir tourné le dos à la gestion traditionnelle de la question sahraouie, qui consistait à acheter la paix sociale grâce aux subsides de l’État. Pour le royaume, l’enjeu est d’opposer à la rhétorique du Polisario relative à l’exploitation des ressources du Sahara celle d’un développement économique concret du territoire. Et la démarche semble efficace.
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