Politique

Côte d’Ivoire : Amadou Gon Coulibaly, le favori d’Alassane Ouattara pour 2020

Alassane Ouattara a une confiance absolue en son fidèle Premier ministre Amadou Gon Coulibaly et le verrait bien lui succéder. Mais ce dernier réussira-t-il à s’imposer ?

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Mis à jour le 12 novembre 2019 à 15:47

Alassane Ouattara et Amadou Gon Coulibaly se sont rencontrés il y a plus de trente ans. Ensemble, ils ont fondé le RDR. © ISSOUF SANOGO/AFP

Cela porte le mauvais œil. Un chef ne doit jamais révéler le nom de son successeur, raconte-t-on. Son petit, on l’éloigne, on le brime, et ce n’est que discrètement, à l’abri des regards, qu’on le prépare. Alassane Ouattara n’a jamais dit s’il croyait aux légendes ivoiriennes, mais, à moins d’un an et demi de l’élection présidentielle, il s’obstine à ne rien révéler de ses intentions.

Chez les bookmakers, il est pourtant quelqu’un qui fait figure de favori. Ce n’est pas un mystère : il est depuis longtemps le préféré du président. Amadou Gon Coulibaly et Alassane Ouattara se sont rencontrés il y a plus de trente ans et, dès le début, c’était une évidence : Ouattara aime les technocrates, discrets et travailleurs.

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L’icône et la cheville ouvrière

En 1990, lorsqu’il prend la tête de la primature, il fait appel à cet ingénieur de dix-sept ans son cadet. Il ne le connaît pas depuis longtemps, mais le trentenaire lui a tapé dans l’œil. La suite, c’est l’histoire rare d’une confiance absolue du chef, du dévouement absolu de son second. En 1994, ils fondent ensemble le Rassemblement des républicains (RDR) puis, ensemble, ils luttent pour gagner le pouvoir. L’un est l’icône, l’autre la cheville ouvrière.

Après l’avoir imposé dans le gouvernement d’union nationale de Laurent Gbagbo, où Gon Coulibaly est ministre de l’Agri­culture, Alassane Ouattara fait naturellement appel à lui quand il s’installe à la présidence, en 2011. Il en fait son plus proche collaborateur : Gon Coulibaly devient secrétaire général. Homme de l’ombre quand Alassane Ouattara est dans la lumière, il est autant le chef d’orchestre que le stratège.

Amadou Gon Coulibaly est loin d’avoir le charisme de son mentor

En 2017, Alassane Ouattara décide de partager un peu la scène avec son fidèle collaborateur : Gon Coulibaly est nommé Premier ministre. Mutineries, grèves : comme Ouattara en 1990, le voilà sur une rampe de lancement pour la présidentielle à un moment des plus délicats. Mais Gon Coulibaly, lui, divise, interroge. Ce Sénoufo issu d’une illustre famille de Korhogo n’est réputé ni pour son ouverture ni pour sa faconde. Si ses proches rappellent qu’autrefois on le surnommait le Lion pour sa verve, ils sont obligés de reconnaître qu’il est loin d’avoir le charisme de son mentor.

Hamed Bakayoko, le plan B

Désormais, même dans son propre camp, on ne cache plus son scepticisme. Sur le terrain, Gon Coulibaly peine à s’imposer… Cet éternel second a-t-il seulement envie de devenir le premier ? Ces derniers mois, il a renforcé son équipe de communication, et le président lui a confié deux dossiers prioritaires : la réforme de la Commission électorale et le programme social – ultimes mises à l’épreuve. En cas d’échec, les prétendants en embuscade ne manquent pas.

Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur puis de la Défense, et aujourd’hui maire d’Abobo. © Bruno LEVY pour Jeune Afrique

Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur puis de la Défense, et aujourd’hui maire d’Abobo. © Bruno LEVY pour Jeune Afrique

Grand rival de Guillaume Soro, qui se prépare à une candidature indépendante, Amadou Gon Coulibaly entretient des relations distantes avec Hamed Bakayoko. La mise en scène de leur proximité, lors de leur récent pèlerinage à La Mecque, peine à cacher leurs différences. Plus populaire et plus jeune, le ministre de la Défense sait qu’il peut être le plan B du président. À moins que lui soient préférés d’anciens cadres du PDCI, tel Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence, et successeur de Gon Coulibaly.