
Mohamed Ben Salman avec le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, le 27 novembre 2018, à Tunis. © Bandar Algaloud/Saudi Kingdom Council/Anadolu Agency/AFP
Face à la montée des tensions dans le Golfe, les orientations des pays du Maghreb peuvent être difficiles à décrypter. Volontaire ? À l’acmé des tensions entre Doha et Ryad en 2018, Jeune Afrique relevait déjà un « ni-ni des pays maghrébins ».
Le Maroc, qui a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran, accusé de soutenir le Front Polisario, semble le plus proche de la position saoudo-émirienne, en dépit de la période de froid avec les Ben Salman, symbolisée par son vote contre la candidature marocaine à l’organisation de la Coupe du monde 2026.
Pour Rabat, la République islamique mène une politique hégémonique, comme l’a répété le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, en mars, à Tunis, à l’occasion d’un Conseil des ministres arabes. Dans la région, seul le Maroc a ainsi suivi l’Arabie saoudite dans son aventure au Yémen… avant de rappeler ses avions.
Alliance avec Riyad, rejet de Washington
L’Algérie, habituellement critique vis-à-vis de la politique américaine au Moyen-Orient – de la reprise des sanctions contre l’Iran à la décision américaine sur le Golan – , semble quant à elle tenir à sa relation avec le royaume wahhabite. Aussi le nouveau ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, s’est-il rendu à Riyad pour l’une de ses premières visites officielles, un mois après la démission d’Abdelaziz Bouteflika.
Les capitales maghrébines sont aussi tributaires de leurs opinions publiques, généralement peu indulgentes avec la politique arabe de Washington
En Tunisie, les intérêts politico-stratégiques divergent : si les cadres de Nidaa Tounes ont soutenu l’Arabie saoudite lors de la tempête de 2018, les islamistes d’Ennahdha n’ont pas épargné l’homme fort de Riyad. Liées sur le plan diplomatique, les capitales maghrébines sont aussi tributaires de leurs opinions publiques, généralement peu indulgentes avec la politique arabe de Washington. In fine, elles devraient se ranger derrière les voix les plus tempérées du Conseil de coopération du Golfe (CCG), en premier lieu celle du Koweït.
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