Politique

Mali : Tiébilé Dramé, un partisan du dialogue avec les jihadistes devenu ministre d’ouverture

Après la signature d’un accord entre le pouvoir et l’opposition, cet adversaire d’Ibrahim Boubacar Keïta a été nommé, le 5 mai, ministre des Affaires étrangères du Mali au sein d’un gouvernement d’ouverture. Voici les dix choses à savoir sur Tiébilé Dramé.

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Mis à jour le 12 novembre 2019 à 16:14

Tiébilé Dramé, ancien ministre malien des Affaires étrangères. © Vincent Fournier/JA

1. Anti-Moussa Traoré

Étudiant à Bamako dans les années 1970 sous la dictature de Moussa Traoré, Tiébilé Dramé organise des grèves et des sit-in avec ses camarades de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (Uneem), ce qui lui vaut plusieurs séjours en prison, y compris à Kidal (Nord).

2. Exil européen

Surveillé de près, il s’installe en Europe en 1981. D’abord à Paris, où il milite au sein de la diaspora africaine et dans les milieux ouvriers, puis à Londres, où il travaille pour Amnesty International. Durant ses dix années d’exil, il se bat au sein de l’Union de lutte Tiémoko Garan Kouyaté (ULTGK), un réseau politique clandestin.

3. Zones arides

Après la chute du dictateur, en mars 1991, il devient une première fois ministre des Affaires étrangères du gouvernement de transition. Sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, il sera ministre des Zones arides et semi-arides de 1996 à 1997 dans le gouvernement d’un certain Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).


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4. Homme de presse

En 1992, il fonde Le Républicain, devenu l’un des principaux quotidiens du pays.

5. Gendre

Son épouse, Kadiatou Konaré, fondatrice et dirigeante de la maison d’édition Canaris, à Bamako, est la fille de l’ex-chef de l’État malien.

6. Négociateur

En 2013, Dioncounda Traoré, le président de la transition, le nomme conseiller spécial chargé des négociations avec les groupes armés du Nord. Il fait de nombreux allers-retours à Ouagadougou, où se déroulent les pourparlers. Le 18 juin 2013, un accord de paix est signé, qui débouche un mois plus tard sur une élection présidentielle.

7. Virulent

Depuis l’arrivée au pouvoir d’IBK, en 2013, il est l’un de ses opposants les plus coriaces. Il a eu des mots très durs à l’encontre du chef de l’État et a contribué à révéler plusieurs affaires de corruption qui ont émaillé sa présidence (surfacturations de matériel militaire, achat d’un nouvel avion présidentiel, scandale des engrais frelatés…).

Ibrahim Boubacar Keïta, au palais de Koulouba, le 3 mai 2014. © Emmanuel DAOU BAKARY pour Jeune Afrique

Ibrahim Boubacar Keïta, au palais de Koulouba, le 3 mai 2014. © Emmanuel DAOU BAKARY pour Jeune Afrique

8. Présidentielle

En 1995, il fonde le Parti pour la renaissance nationale (Parena). Aux scrutins présidentiels de 2002 et 2007, il arrive respectivement en quatrième et en troisième position. En 2013, considérant que l’élection ne peut se tenir dans de bonnes conditions, il retire in extremis sa candidature.

9. Alternance

En 2018, il se rallie à Soumaïla Cissé et devient son directeur de campagne. Comme en 2013, Cissé est annoncé perdant contre IBK au second tour. Les deux hommes, qui croyaient dur comme fer à l’alternance, contesteront longtemps le résultat, qu’ils estiment entaché de fraude.

10. Jihadiste

Il est convaincu que le retour à la paix dans le Nord et le Centre passe par un dialogue avec les jihadistes maliens. Une stratégie dont IBK et ses alliés occidentaux ne veulent pas entendre parler.