
Siaka Barry, ex-ministre de la Culture, des Sports et du Patrimoine historique. © DOM
Critique envers l’exécutif comme envers l’opposition, Siaka Barry, ancien ministre de la Culture, des Sports et du Patrimoine historique, s’est déclaré candidat à la présidentielle de 2020 avec son parti Guinée debout.
À 45 ans, Siaka Barry semble avoir gagné en sagesse. L’ex-ministre de la Culture, des Sports et du Patrimoine historique ne s’enflamme plus pour les idoles de sa jeunesse. « De Sékou Touré, je garde les discours panafricanistes, le pragmatisme économique, et je condamne les horreurs. Je suis un réconciliateur », résume-t-il.
Après un an et demi au sein du gouvernement, il en a été débarqué lors du remaniement d’août 2017. Certains murmurent alors qu’Alpha Condé lui reprocherait son manque de loyauté, d’autres sa popularité. « On m’a même soupçonné de m’être enrichi au pouvoir, alors que j’ai construit mon patrimoine grâce à mes postes de direction dans les institutions internationales et que j’ai été le seul ministre à déclarer mes biens en entrant au gouvernement. »
Nous sommes un mouvement non aligné, social-démocrate, et nous postulons à l’Internationale socialiste
Candidat en 2020
Depuis, « pour se protéger du qu’en-dira-t-on », ce fan de Victor Hugo, de Thomas Sankara et de Bob Marley s’est reclus dans son imposante villa conakryka, située au fond d’une impasse du quartier de Lambanyi. Il en profite pour y bouquiner sur sa terrasse – en ce moment, Les Révoltés de l’Amistad, de l’Américain Marcus Rediker, l’histoire d’esclaves africains qui se soulèvent, en 1839, pendant leur traversée entre Cuba et les États-Unis.
Critique envers l’exécutif comme envers l’opposition, qu’il estime irresponsable, Siaka Barry déplore que ce soient « les mêmes qui dirigent le pays depuis trente ans ». Le 2 février, il a créé son parti, Guinée debout, et annoncé sa candidature à la présidentielle de 2020. « Nous sommes un mouvement non aligné, social-démocrate, et nous postulons à l’Internationale socialiste », explique-t-il, ajoutant que son programme sera fondé sur « la bonne gouvernance, l’équité sociale et l’unité nationale interethnique ». Fidèle à ses idéaux de solidarité.
Le goût des discussions au « grin »
Fils de marabout, Siaka Barry a grandi dans un village de la région de Kankan au sein d’une fratrie de vingt enfants, a fait ses classes chez les pères catéchistes d’Abidjan, son DEA en économie du développement à l’Université catholique de Louvain (Belgique), a été cadre au sein d’institutions et d’ONG internationales (Pnud, Oxfam, Save the Children, etc.) en Guinée, au Mali, au Tchad.
Fidèle, aussi, à son goût pour les discussions au « grin », le futur candidat organise déjà des thés-débats dans les quartiers populaires « pour aller au contact du peuple » et, surtout, des jeunes.
Lire les autres articles du dossier
«Guinée : l'année de tous les paris»
- [Édito] Réforme constitutionnelle en Guinée : ne pas se tromper de combat
- Corruption en Guinée : pour en finir avec les mauvaises habitudes
- Guinée : l'opposition, d’une coalition l’autre
- Guinée - Sidya Touré : « Si Alpha Condé ne se représente pas, je serai président »
- Guinée - Kiridi Bangoura : « Nous devons avoir le courage de relire notre Constitution »
- Guinée : une croissance soutenue malgré des fragilités
- Guinée : vers le lancement de la BNIG, la première banque nationale d’investissement
- [Infographie] Guinée : de nouveaux barrages pour doper la production d'électricité
- Guinée : le grand boom de la bauxite
- Guinée : au cœur du Fouta-Djalon, vision d'éden et terre d'histoire
- Guinée : à Dalaba, chez Miriam Makeba, « Mama Africa »