Le ministère public du canton de Genève « instruit depuis le 19 juillet 2017 […] une affaire suite à un signalement du MROS [Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent] […] dirigé contre feu A. [dénomination qui désigne Santullo] et ses sociétés », relate le juge Giorgio Bomio-Giovanascini, du Tribunal pénal fédéral (TPF), dans une décision rendue ce 2 avril que JA a consultée.
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Implication de personnalités de haut niveau
Selon nos informations, le MROS a en effet reçu, à partir de 2017, au moins quatre signalements émanant d’institutions financières suisses. C’est sur cette base que le ministère public a mobilisé ses enquêteurs et a mis sous séquestre « plusieurs relations bancaires à Genève, Lugano et Zurich » appartenant à Guido Santullo ou à sa femme, Karen.
Ces comptes sont toujours gelés, et les investigations se poursuivent en Suisse. « Le cas n’est pas simple, explique encore le TPF, vu le nombre de sociétés et de personnes impliquées au Gabon, parmi lesquelles figurent des hommes politiques de haut niveau. »
La défense du Gabon espère que ces pièces pourront y faire basculer la décision en sa faveur
Dans la même décision du 2 avril, le TPF a surtout rejeté les recours des héritiers de Guido Santullo contre l’État du Gabon. Ce dernier est désormais autorisé à obtenir une copie des procédures de la justice suisse et est libre de consulter les pièces, y compris bancaires, réunies par les enquêteurs helvètes.
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Si Libreville, représenté par les avocats Marc Bonnant et Karim Ramadan, s’est engagé à ne pas les utiliser devant la justice gabonaise, il peut en revanche le faire ailleurs, par exemple à Paris, dans la procédure d’arbitrage qui l’oppose au groupement Santullo devant la Chambre de commerce internationale.
La défense du Gabon espère que ces pièces pourront y faire basculer la décision en sa faveur. D’autant que le président de la cour d’arbitrage, le professeur Sébastien Besson, officie entre autres à l’université de Neuchâtel… en Suisse.