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Algérie : l’étau se resserre autour des hommes d’affaires proches de Bouteflika
Ahmed Gaïd Salah a annoncé la réouverture de trois dossiers emblématiques, à commencer par celui de la Sonatrach, l’entreprise pétrolière publique, dont le patron Abdelmoumen Ould Kaddour a été limogé le 23 avril, un limogeage qui n’est pas lié aux affaires de corruption présumées déjà ouvertes. Au terme d’une vaste enquête, la justice a lancé en août 2013 des mandats d’arrêt internationaux contre Chakib Khelil, son épouse, leurs enfants et Farid Bedjaoui, homme d’affaires très proche de l’ex-ministre de l’Énergie, et condamné en septembre 2018 à plus de cinq ans de prison.
Ils sont poursuivis pour « corruption, blanchiment d’argent, conclusion de contrats contraires à la réglementation, abus de pouvoir et constitution de bandes criminelles organisées ». L’affaire a plusieurs volets.
Des millions de dollars de commission
Le premier est lié aux 197 millions d’euros de commissions obtenus par Bedjaoui, qui aurait facilité la conclusion de sept contrats de 8 milliards d’euros entre la firme italienne Saipem et la Sonatrach. Khelil – ami d’enfance de l’ex-président Bouteflika – et ses proches sont soupçonnés, en retour, d’avoir touché des pots-de-vin de Bedjaoui. Le deuxième vise des rétrocommissions qu’auraient touchées Khelil et son entourage après la vente à l’étranger d’hydrocarbures entre 2005 et 2010.
Un troisième volet concerne les contrats obtenus par la firme canadienne SNC Lavalin auprès du département de l’Énergie. Là encore, Bedjaoui a perçu des millions de dollars de commission. L’instruction n’a pas bougé d’un pouce depuis 2013. Khelil a même bénéficié de l’abandon des poursuites contre lui.
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L’affaire Khalifa Bank
Autre dossier en instance, celui de Rafik Khalifa, ancien PDG du groupe éponyme. Il a été condamné en 2015 à dix-huit ans de réclusion dans l’affaire Khalifa Bank. Mais d’autres aspects de l’affaire sont à creuser, dont les 700 millions de dollars de transferts irréguliers vers l’étranger par son groupe entre 2000 et 2003.
Sans compter la revente par Khalifa de la villa Bagatelle, à Cannes, achetée 37 millions d’euros en 2002 et bradée un an plus tard à moitié prix. Khalifa est aussi poursuivi pour l’importation frauduleuse de cinq stations de dessalement d’eau de mer pour 60 millions d’euros qui n’ont jamais vu le jour.
Découverte de cocaïne à Oran
Promoteur immobilier et importateur de viande, Kamel Chikhi, alias El Bouchi, est aussi visé. Il a été arrêté en mai 2018 après la découverte de 701 kg de cocaïne dans ses conteneurs en provenance du Brésil. La saisie entraîne des limogeages au sein des services de sécurité. Et lève le voile sur des opérations immobilières douteuses. Chikhi entretenait des relations privilégiées avec des pontes du régime et soudoyait magistrats, hommes d’affaires, ministres et hauts gradés. L’instruction, aussi bien de l’affaire « cocaïne » que du scandale immobilier, est au point mort.