Celui qui baigne dans la politique depuis tout jeune peut faire valoir un glorieux héritage : son père, l’ophtalmologue Mahmoud Charfi, était une figure du mouvement de la lutte nationale. « Gamin, je croisais Habib Bourguiba, Bahi Ladgham, Hédi Nouira et d’autres dirigeants », raconte ce descendant d’Andalous installés à Sfax (Centre-Est) après la Reconquista. « Il était curieux de tout et nous faisait bisquer par son aisance naturelle », se souvient l’un de ses camarades du lycée Carnot, à Tunis, l’une des pépinières de l’élite tunisienne.
Actif pendant la révolution
Diplômé de la faculté de Reims (nord-est de la France), il préfère, à son retour en 1991, s’investir dans la société civile et l’action syndicale. Comme le besoin d’une « implication citoyenne », dit-il lui-même.
Au lendemain de la chute de l’ancien régime, en 2011, Faouzi Charfi participe – sans être encarté à l’époque – à la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, chargée de mettre en place la transition. Cette année-là, il noue des contacts avec tous les mouvements politiques et sociaux. Prône le rassemblement des forces progressistes. Et assiste à la déconfiture de la gauche, en octobre, à l’élection de la Constituante. Mais il n’en est pas pour autant découragé.
Al-Massar est le premier parti à avoir institué une représentation des régions, un quota de 30 % de jeunes et la parité dans toutes ses structures
Les assassinats politiques de 2013 et la crise socio-économico-institutionnelle que traverse le pays le conduisent à participer au sit-in d’Errahil, en août, qui réclame le départ du gouvernement de la troïka et l’achèvement de la rédaction de la Constitution. Il prend part au dialogue national qui encadre la fin de cette étape et rejoint, en 2014, Al-Massar, premier parti à avoir institué une représentation des régions, un quota de 30 % de jeunes et la parité dans toutes ses structures.
Appel au rassemblement
En 2016, Al-Massar intègre le gouvernement d’union nationale. « Nous avons été un alibi », regrette Charfi, qui gèle alors sa participation au parti. Sa position est saluée. Tant et si bien que lui est demandé, à son retour dans la formation, de la représenter dans les négociations du deuxième accord de Carthage. Al-Massar prend ses distances avec l’exécutif. Et choisit de se concentrer sur son congrès et sur les échéances électorales de 2019.
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Le successeur d’Abdeljawad Jounaidi veut croire que le salut passe par le rassemblement. « Seul, personne n’y arrivera », soutient celui qui a contribué à mettre sur pied le collectif participatif Qadiroune, une coalition qui réunit des hommes politiques et des représentants de la société civile. « L’écoute permet de dépasser les divergences et les querelles d’ego », insiste Faouzi Charfi, qui – passionné par un métier qu’il continue d’exercer – doit aujourd’hui concilier vie professionnelle et responsabilités politiques.