Politique

CAN au Cameroun : des chantiers inachevés et privés d’une partie des financements

Alors que Yaoundé assurait que les stades camerounais seraient achevés en mars 2019, malgré le retrait de l’organisation de CAN, certains chantiers tournent au ralenti, voire sont à l’arrêt, et le ministère des Finances a réduit les financements.

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Mis à jour le 9 avril 2019 à 11:30

Louis-Paul Motaze, ministre camerounais des Finances. © Anadolu Agency

Lorsque, en novembre 2018, la Confé­dération africaine de football lui avait retiré l’organisation de la CAN, Yaoundé s’était insurgé : qu’importait la décision, le Cameroun serait prêt et les stades seraient achevés en mars 2019, comme prévu. C’est loin d’être le cas.

À Garoua, Prime Potomac, l’entreprise de Ben Modo, estime avoir réalisé plus de 80 % des travaux du stade, ainsi que la moitié des deux hôtels (58 % pour La Bénoué et 49 % pour l’Hôtel des Sports). Raison invoquée : un manque de fonds, les autorités n’ayant versé que 14 milliards de F CFA sur les 24,5 prévus.

Des financements réduits

Les chantiers tournent également au ralenti, voire sont à l’arrêt, à Yaoundé, où l’italien Piccini, le constructeur du complexe d’Olembé, peine à payer ses ouvriers, dont une partie a été remerciée. Seul celui de l’enceinte de Japoma, à Douala, se poursuit normalement. La société turque Yenigün avait en effet importé la plupart des matériaux nécessaires avant que les soucis d’argent ne viennent assombrir l’horizon. Mais les voies d’accès sont, elles aussi, loin d’être achevées.


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Selon nos sources, le ministère des Finances, que dirige Louis-Paul Motaze, a réduit les financements : ils sont passés de 20 milliards de F CFA par semaine à 2 ou 3 milliards selon les constructeurs. Les blocages administratifs et financiers du projet CAN ne datent pas d’hier.

En accord avec Bello Bouba Maïgari, le ministre du Tourisme, Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, l’ex-ministre des Sports, et Jean-Claude Mbwentchou, l’ex-ministre de l’Habitat, Motaze doute de la régularité de certains contrats signés en 2017 à l’initiative de la task force créée au Palais d’Etoudi en prévision de l’événement. Celle-ci était dirigée par Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d’État, secrétaire général de la présidence et proche de Chantal Biya. La rivalité entre Motaze et Ngoh Ngoh pourrait se régler lors d’un remaniement, annoncé pour la fin de mai.