Mauritanie : Sidi Mohamed Ould Boubacar et Mohamed Ould Maouloud s’opposent pour la présidentielle

Qui face à Mohamed Ould Ghazouani, le dauphin déclaré de Mohamed Ould Abdelaziz ? Tandis que Biram Dah Abeid s’est déjà déclaré, deux opposants – Sidi Mohamed Ould Boubacar et Mohamed Ould Maouloud – croisent le fer au sein de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique pour obtenir l’investiture.

Sidi Mohamed Ould Boubacar et Mohamed Ould Maouloud s’affrontent pour rallier un maximum de formations.

Sidi Mohamed Ould Boubacar et Mohamed Ould Maouloud s’affrontent pour rallier un maximum de formations.

Publié le 19 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Dans un bureau de vote de Nouakchott, en Mauritanie, en 2014 (photo d’illustration). © Ahmed Mohamed/AP/SIPA
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Présidentielle en Mauritanie : Ghazouani proclamé vainqueur, l’opposition conteste

Mohamed Ould Ghazouani, dauphin désigné du président sortant, Mohamed Ould Abdelaziz, a été donné vainqueur du scrutin présidentiel du 22 juin par la commission électorale. Un résultat contesté par plusieurs candidats de l’opposition. Retrouvez tous nos articles sur la campagne électorale et les enjeux de cette présidentielle.

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Une fois de plus, l’heure est à la désunion. Le 12 mars, à l’issue d’une réunion de la dernière chance, l’opposition mauritanienne n’a pas réussi à s’entendre sur le nom d’un candidat unique à opposer à Mohamed Ould Ghazouani, le dauphin de Mohamed Ould Abdelaziz, qui souhaite remporter l’élection présidentielle de juin dès le premier tour.

Alors qu’Ahmed Ould Daddah, le chef du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), a dû renoncer à son ambition de toujours, ayant dépassé la limite d’âge (qui est de 75 ans), le militant antiesclavagiste Biram Dah Abeid (IRA-Sawab) s’est, lui, déjà déclaré. Surtout, au sein de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique, deux hommes s’affrontent pour rallier un maximum de formations : Sidi Mohamed Ould Boubacar et Mohamed Ould Maouloud.

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Ambassadeur aux Nations unies

En sortant subitement de sa discrète retraite il y a quelques semaines, Sidi Mohamed Ould Boubacar a pris tout le monde de court. Fin 2016, alors qu’il était ambassadeur aux Nations unies, il avait souhaité prolonger sa mission, ce qu’« Aziz » avait catégoriquement refusé. « Il en a gardé une certaine rancœur », glisse un proche du chef de l’État.

Sous le régime autoritaire de Maaouiya Ould Taya, ce diplomate a été tour à tour directeur du Trésor, ministre des Finances, Premier ministre, et même secrétaire général du PRDS, le parti au pouvoir. Certes, il a ensuite rebondi : Ely Ould Mohamed Vall l’a nommé Premier ministre, et Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ambassadeur en Espagne. Certes, il inspire toujours un certain respect. Mais son nom n’en reste pas moins étroitement associé à l’ère Taya, ce que ne manquent pas de rappeler les proches de son rival, Mohamed Ould Maouloud…

Ould Boubacar bénéficie aujourd’hui de deux atouts de taille. D’abord, du soutien de la principale force d’opposition, le parti Tawassoul (d’obédience islamiste). Ensuite, de celui du riche et influent homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, dont il est un ami de longue date et qui est l’un des mécènes de certains des adversaires d’Aziz. En conflit ouvert avec le président, Bouamatou a encouragé Ould Boubacar à se présenter, à défaut de pouvoir le faire lui-même, puisqu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice mauritanienne.

Ancien militant maoïste

Mohamed Ould Maouloud, le patron de l’Union des forces de progrès (UFP), a, lui, toujours nié avoir été financé par Bouamatou. Ce militant de la première heure cofonda, en 1973, le Parti des Kahidines de Mauritanie (PKM, composé d’étudiants maoïstes). Bien qu’il n’ait recueilli que 4,08 % des voix à la présidentielle de 2007, il mise aujourd’hui sur l’absence d’Ahmed Ould Daddah – dont il dit avoir le soutien – pour incarner le changement. Ses détracteurs lui reprochent d’avoir, lors des dernières tentatives de dialogue avec Aziz, dirigé la délégation de l’opposition alors que l’UFP appelait simultanément au boycott des élections.

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Une chose est sûre : la stratégie politique a pris le pas sur les calculs électoraux régionaux, aucun des deux rivaux n’étant en mesure de concurrencer Ghazouani dans l’Est, où la tribu Ideiboussat, dont il est issu, est l’une des plus influentes. Ould Maouloud appartient à celle des Idawali, présente dans tout le pays et politiquement influente. Quant à Ould Boubacar, il est un membre des Oulad Ahmed, une tribu maraboutique sans poids particulier mais très implantée dans le Brakna, proche du Tagant, première région « frontalière » avec le grand Est.

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