Diplomatie
Le Maroc vu de l’Espagne © Wikimedia Commons CC BY-SA 3.0 Maksim

Cet article est issu du dossier

Espagne-Afrique : à l’heure des retrouvailles

Voir tout le sommaire
Politique

Espagne-Afrique : l’exemple latino-américain inspire le ministre espagnol des Affaires étrangères

Nommé en juin 2018, le chef de la diplomatie espagnole, Josep Borrel revient sur la politique développée par Madrid pour renforcer ses liens avec le continent. Entretien.

Réservé aux abonnés
Mis à jour le 7 mars 2019 à 10:50

Josep Borrell, ministre espagnol des Affaires étrangères © Ministerio de Asuntos Exteriores – Unión Europea y Cooperación

Jeune Afrique : Pourquoi l’Espagne s’intéresse-t-elle de nouveau à l’Afrique  ?

Josep Borrell : L’Espagne n’a jamais cessé de s’y intéresser et, malgré la crise et les coupes budgétaires, elle n’a fermé aucune ambassade en Afrique. Nous avons même renforcé notre réseau diplomatique ces dernières années, ainsi que nos effectifs militaires sur le terrain. Nos échanges économiques et commerciaux sont aujourd’hui plus importants avec l’Afrique qu’avec l’Amérique latine. Et l’Espagne met en place une véritable stratégie d’accompagnement de ce changement historique, avec son Plan Afrique III. Non pas en réaction à la récente crise migratoire, mais bien pour développer un nouvel élan dans nos relations.

Quels sont les principaux objectifs du Plan Afrique III  ?

La croissance économique du continent a un effet direct sur la réduction des flux migratoires, c’est sur cette question que nous devons travailler conjointement. La Côte d’Ivoire, le Nigeria, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud exercent aujourd’hui une attractivité forte auprès des migrants. Notre priorité doit donc être de consolider le développement de ces pays, qui ensuite contribueront à la stabilité de leurs voisins.

Nos entreprises ont beaucoup à apporter, en particulier dans l’agriculture et les énergies renouvelables

Que peut attendre l’Afrique de l’Espagne ?

Nous pouvons transmettre notre expérience de la transition démocratique et accompagner par nos investissements la croissance économique du continent, comme nous avons su le faire avec l’Amérique latine par le passé, durant les années 1980. Nos entreprises ont beaucoup à apporter sur des secteurs aussi sensibles que l’agriculture ou les énergies renouvelables, dans un contexte environnemental préoccupant en Afrique.

Quel rôle jouent les îles Canaries dans la stratégie de l’Espagne vers l’Afrique ?

L’archipel est un élément incontournable de notre politique avec un continent dont il fait partie. Le gouvernement régional a récemment voté une stratégie d’internationalisation des Canaries pour faire de l’archipel un hub vers l’Afrique, et, comme il s’agit d’une région ultra-périphérique de l’UE, celle-ci dispose d’un programme de coopération transfrontalier qui favorise l’intégration économique avec ses voisins africains.


>>> À LIRE – Espagne : les rois de la diplomatie en Afrique


Et la Guinée équatoriale ?

Le pays ne fait l’objet d’aucune attention particulière, mais il occupe néanmoins une place prépondérante dans notre politique extérieure, en raison des liens uniques qui nous unissent culturellement. Cela dit, je ne peux nier que nos relations bilatérales restent complexes. D’un point de vue politique, nous poursuivons un dialogue critique, mais constructif, avec les autorités équato-guinéennes.