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Côte d’Ivoire : la dernière ligne droite
Le temps passe vite pour Youssouf Fadiga. Depuis deux mois, le nouveau directeur général de la Banque nationale d’investissement (BNI) enchaîne les visites au sein de ses agences et filiales pour s’imprégner du terrain et comprendre la situation réelle du groupe, détenu à 100 % par l’État. « Je n’ai pas le droit de décevoir le président et le chef du gouvernement. C’est une mission délicate, mais, avec la mobilisation de l’ensemble des équipes, nous allons tout faire pour relever le défi », assure-t-il.
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Une mission difficile
Nommé en septembre par Alassane Ouattara à la tête de l’influent groupe bancaire, il est en effet chargé de restructurer la banque pour la rendre plus attractive et mieux la valoriser, avant d’organiser sa privatisation partielle. Une mission difficile mais pas impossible pour le nouveau patron, qui, dans une vie antérieure, a déjà mené d’autres opérations de restructuration tout aussi stratégiques.
Son portefeuille s’est dégradé, et certaines filiales, comme BNI Gestion, ont perdu beaucoup d’argent
En l’espace de quelques années, la BNI est devenue l’un des principaux véhicules de financement de l’économie ivoirienne, dans laquelle elle a injecté quelque 1 200 milliards de F CFA (près de 1,83 milliard d’euros) entre 2011 et 2016. Mais les tensions entre Eugène Kassi N’Da, l’ex-directeur général, et Souleymane Cissé, le président, ont plombé son fonctionnement. Son portefeuille s’est dégradé, et certaines filiales, comme BNI Gestion, ont perdu beaucoup d’argent au niveau du fonds commun de placements (FCP), qui affiche une perte d’environ 20 milliards de F CFA.
Expert en cessions
Reste que le nouveau patron débarque dans un environnement qu’il connaît. Ancien conseiller spécial au ministère du Budget et du Portefeuille de l’État, Youssouf Fadiga assurait les fonctions d’administrateur et de président du comité d’audit de la BNI depuis 2014. Son rôle était de conseiller le secrétaire d’État sur les problématiques liées à la gestion des participations de l’État dans environ 80 sociétés ainsi que sur celles relatives aux privatisations. Il a par ailleurs accompagné le gouvernement tchadien dans le cadre de la privatisation de la société des télécommunications du Tchad.
C’est une bonne pioche pour la BNI. Avec son expérience, la banque va décoller très rapidement
Ingénieur financier passé par l’Edhec Business School de Nice, en France, et titulaire d’un MBA de la Booth School of Business de l’université de Chicago, Youssouf Fadiga a commencé sa carrière comme analyste en fusions chez Shell, à Paris, en 2004. Une expérience qui lui a permis d’intégrer PricewaterhouseCoopers dès 2005, en tant que manager, puis auditeur financier senior.
Puis, en 2011 et en 2014, il a rejoint la banque d’affaires Evercore Partners, établie à New York, où il a géré plusieurs opérations de cessions d’entreprises représentant un montant total de 12 milliards de dollars. Il a notamment accompagné la cession des activités de financement automobile d’Ally Financial en Amérique latine, en Europe et en Chine à General Motors pour 8,3 milliards de dollars. « C’est une bonne pioche pour la BNI. Avec son expérience, la banque va décoller très rapidement », commente un membre du gouvernement.