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Une manifestation en Tunisie contre le gouvernement et la gestion de l’économie, en 2013 (photo d’illustration). © Amine Landoulsi/AP/SIPA

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Tunisie – Rym Mahjoub : « Chahed veut faire comme Macron, mais sans démissionner »

Rym Mahjoub, députée Afek Tounes de Mahdia, revient sur le sens et les conséquences de la crise qui divise l’exécutif.

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Mis à jour le 6 décembre 2018 à 16:47

Rym Mahjoub © Leaders

Médecin de profession, Rym Mahjoub s’est engagée en politique en 2011 et a intégré la Constituante sous les couleurs du parti social-libéral Afek Tounes. Élue présidente du bureau politique de sa formation le 10 août, la députée revient sur le sens et les conséquences de la crise qui divise l’exécutif.

Jeune Afrique : Pourquoi estimez-vous que le chef du gouvernement devrait démissionner ?

Rym Mahjoub : Youssef Chahed a été choisi par le président de la République car il est issu de son parti. Une cohérence constitutionnelle qui, aujourd’hui, n’est plus respectée. Qu’il existe un conflit interne au sein de Nidaa Tounes, je peux le comprendre. Que cela se répercute sur les institutions, je trouve cela profondément regrettable.

Si Youssef Chahed veut mener une bataille au sein de son parti, il doit d’abord démissionner. En cédant à son entêtement, nous sommes en train de créer un petit dictateur. Certains veulent le maintenir au nom de la stabilité gouvernementale, mais a-t-elle une valeur quand la stabilité politique, elle, n’est pas garantie ?

Si une ou plusieurs formations croient en notre programme, nous sommes ouverts au dialogue

Certains députés d’Afek Tounes ont rejoint la Coalition nationale, le nouveau bloc parlementaire qui soutient le chef du gouvernement. Ce bloc peut-il être un rival pour les scrutins de 2019 ?

Ce mouvement dissident de Nidaa Tounes est interne au Parlement. En dehors de l’hémicycle, ce bloc ne représente rien ; ce serait tout de même curieux qu’il donne naissance à une formation politique. D’habitude, ce sont les partis qui créent les groupes parlementaires, et non l’inverse.

Bâtir un nouveau parti solide n’est pas une affaire de quelques mois. La Coalition nationale et le chef du gouvernement prétendent qu’ils vont rassembler le centre, mais quel est leur véritable programme, mis à part l’opposition à Hafedh Caïd Essebsi ? Que vont-ils pouvoir vendre avec un bilan gouvernemental aussi catastrophique ? Youssef Chahed veut faire comme Emmanuel Macron, mais Macron, lui, avait démissionné du gouvernement avant de créer son mouvement.


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Yassine Brahim, le président d’Afek Tounes, a dit que la famille centriste allait devoir impérativement resserrer ses rangs en 2019. Comment ?

Elle doit se rassembler autour d’un socle de valeurs communes. Mais aucun parti ne doit trahir son programme pour une union. Cela devra donc passer par des discussions partisanes, afin d’établir une feuille de route. Si une ou plusieurs formations croient en notre programme, nous sommes ouverts au dialogue. Pour l’instant, nous nous préparons aux élections seuls, même si nous sommes conscients que notre poids reste modeste.

Le centre peut-il s’unir derrière un seul candidat à la présidentielle ?

Tout parti qui se respecte se doit d’y présenter un candidat. La famille centriste peut éventuellement en présenter un seul, mais cela implique qu’il y ait aussi des candidatures communes aux législatives. Notre régime s’appuie sur un exécutif à deux têtes, donc, si accord il y a, il faut qu’il soit binaire.