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Tunisie : 2019, l’année de tous les enjeux
Le patronat demandait en vain, depuis 2012, l’instauration d’un état d’urgence économique. Six ans plus tard, les indicateurs sont au rouge, et les activités d’autant plus difficiles à relancer que les handicaps sont lourds : le secteur informel représente plus de 70 % du PIB, le tissu industriel se disloque, la corruption semble hors de contrôle et le pays est inscrit sur les listes grises du Groupe d’action financière, au titre de paradis fiscal, et de l’UE, en raison de son exposition au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme.
Pour attirer les investisseurs, le gouvernement tente de retrouver ses fondamentaux en limitant les déficits et en reconstituant ses réserves de change. Un défi avec une inflation de plus de 7 %, une dette de 71 % du PIB, un investissement atone, un taux de croissance de 2,8 % qui ne crée pas d’emplois et un dinar qui a perdu 25 % de sa valeur.
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Les défis de l’exécutif
Pris en tenailles entre les exigences de l’Union générale tunisienne du travail et celles des bailleurs (dont le FMI, qui recommande le gel des augmentations salariales dans la fonction publique, le relèvement de l’âge de la retraite et la suppression du système de compensation), l’exécutif est sous pression. Il doit impérativement juguler les déficits abyssaux des caisses sociales et de sa balance commerciale mais tergiverse.
Rechignant à appliquer une politique trop austère, il cède à la centrale syndicale pour s’assurer une paix sociale, accepte une révision des salaires, la non-privatisation des entreprises publiques et – perspectives électorales obligent –, après une hausse de la fiscalité en 2018, a quelque peu adouci la loi de finances 2019.