RDC : comment l’opposition a sabordé l’accord de Genève pour un candidat commun

Conclu le 11 novembre, l’accord autour d’une candidature unique pour la présidentielle du 23 décembre aura tenu moins de vingt-quatre heures. Retour sur un fiasco.

Martin Fayulu au téléphone après sa nomination comme candidat commun des ténors de l’opposition. © FABRICE COFFRINI/AFP

Martin Fayulu au téléphone après sa nomination comme candidat commun des ténors de l’opposition. © FABRICE COFFRINI/AFP

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Publié le 20 novembre 2018 Lecture : 8 minutes.

Félix Tshisekedi, quelques instants après la proclamation de sa victoire par la Ceni, dans la nuit du 9 au 10 janvier 2019. © REUTERS/Olivia Acland
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Présidentielle en RDC : l’alternance, et après ?

Après deux années d’une crise politique ouverte en décembre 2016, la RDC a renoué avec les urnes. Félix Tshisekedi a été proclamé vainqueur par la Ceni, devant Martin Fayulu et Emmanuel Ramazani Shadary, le dauphin de Joseph Kabila. Une victoire accueillie entre joie et contestations.

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Ce 9 novembre au matin, l’atmosphère est inhabituellement tendue aux abords de l’hôtel Warwick, près de la gare de Genève. C’est ici que la fondation Kofi Annan a invité les sept principaux leaders de l’opposition congolaise à venir discuter pour désigner un candidat commun en vue de la présidentielle du 23 décembre. Parmi eux, l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, l’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba et l’ex-Premier ministre Adolphe Muzito, tous trois écartés du scrutin. Et les quatre opposants encore en lice : Martin Fayulu, Vital Kamerhe, Freddy Matungulu et Félix Tshisekedi.

Les voilà qui arrivent, par vagues successives, sur les bords du lac Léman. En guise de comité d’accueil, des « combattants » de la diaspora congolaise, favorables à Félix Tshisekedi, ont pris place devant l’établissement. Vital Kamerhe reçoit des insultes. Il en est quelque peu choqué. Les deux hommes sont les grands favoris du scrutin à venir, avec un avantage pour Tshisekedi, donné largement en tête par un récent sondage de l’institut congolais Berci et du Congo Research Group (CRG) de l’Université de New York.

Un point fait déjà l’objet de divergences : faut-il boycotter les élections si le pouvoir ne cède pas aux revendications sur la transparence du scrutin ?

À l’intérieur de l’hôtel, les discussions débutent sur les aspects les moins épineux : état du pays, stratégie pour y remédier… Un point fait toutefois déjà l’objet de divergences : faut-il boycotter les élections si le pouvoir ne cède pas aux revendications sur la transparence du scrutin ?

Tirage au sort rejeté

Voici des mois qu’elle accuse la commission électorale d’œuvrer à la victoire du candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary. Des mois qu’elle demande que les noms de 6 millions d’électeurs, inscrits sans recueil des données biométriques, soient barrés des listes électorales et que la fameuse machine à voter soit abandonnée. Félix Tshisekedi semble prêt à aller aux élections coûte que coûte alors que ses partenaires ont pour priorité l’obtention de concessions.

Les tractations pour la désignation d’un candidat commun commencent. Les quatre leaders encore en lice s’entretiennent avec Alan Doss, le président de la fondation Annan et, à ce titre, facilitateur des discussions. Ce Gallois connaît bien la politique congolaise et ses acteurs. De 2007 à 2010, il a été le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RD Congo.

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