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Algérie : et si Abdelaziz Bouteflika renonçait à se présenter ?
De passage à Oran le 5 novembre, Tayeb Louh s’attaque à deux décisions prises par Ahmed Ouyahia. D’abord, les taxes sur les documents d’identité que ce dernier voulait inscrire dans la loi de finances complémentaire 2018. « Qui les a annulées ? Le président ! », s’est exclamé Tayeb Louh, comme pour signifier que le chef du gouvernement ne décide de rien.
La deuxième attaque est plus perfide : elle vise l’incarcération de milliers de cadres d’entreprises publiques entre 1996 et 1997, quand Ouyahia était (déjà) Premier ministre sous la présidence Zeroual. « Ce temps de l’arbitraire est révolu grâce aux directives du président. Il n’y aura pas de retour [à ces méthodes] hors du cadre légal », a tonné le garde des Sceaux.
Perspective de succession
C’est le Rassemblement national démocratique (RND), parti d’Ouyahia, et non le premier ministère, qui a été chargé de répliquer. Il a mollement évoqué un dossier « vide » et des « accusations dénuées de fondements »… Tayeb Louh, lui, est revenu à la charge, démentant avoir présenté des excuses à son Premier ministre, comme l’affirmait le quotidien El Khabar.
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Derrière ces escarmouches, il y a bien plus que l’animosité personnelle entre deux hommes. Convaincu qu’Ouyahia ferait un sérieux candidat à la succession de Bouteflika, Louh s’applique à lui savonner la planche en le renvoyant à sa réputation d’homme des « sales besognes », impopulaire.
Le ministre de la Justice ne fait pas mystère de sa volonté de prendre la tête du FLN. Ce natif de la région de Tlemcen fait partie de l’entourage présidentiel, contrairement à Ouyahia, et entend se placer comme la meilleure des « doublures » dans la perspective de la succession.
Consensus factice
Signe de l’acuité de ces rivalités : le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, qui s’est empressé de prendre ses distances avec Louh, affirmant que ses propos n’engagent en rien le parti, a démissionné le 14 novembre. Officiellement pour raisons de santé… Il semble en réalité faire les frais de l’affrontement entre Louh et Ouyahia.
Le consensus factice autour d’un nouveau mandat de Bouteflika empêche encore les protagonistes de la campagne d’aller au-delà des coups de griffe. Il suffirait que le vieux raïs renonce ou soit en incapacité de se représenter pour que les dagues sortent des fourreaux. La sortie, certainement forcée, d’Ould Abbès en est le signe avant-coureur.